Le 03-03-2023
Par Joël Perichaud
Le Royaume-Uni et la Pologne et autres affidés de l’OTAN ont l’intention d’envoyer des chars de combat principaux pour combattre la Russie en Ukraine, des annonces similaires de la part de l’Allemagne et des États-Unis ont été faites.
Pour la première fois depuis l’opération Barbarossa il y a 80 ans, des chars de fabrication allemande franchiront la frontière polonaise pour prendre part à une guerre armée contre la Russie. Il s’agit, sans aucun doute, de la mesure la plus incendiaire prise par les États-Unis et l’OTAN à ce jour mais déjà Zelensky a demandé des avions, bateaux et sous-marins…
Les chars sont des armes offensives, et non défensives. On les utilise pour percer les retranchements ennemis, dans le but de capturer un territoire. Zelensky a clairement indiqué que les chars occidentaux sont essentiels à la réalisation de ses objectifs de guerre, notamment la reconquête de la péninsule de Crimée détenue par la Russie depuis 2014.
Les États-Unis forment des centaines d’Ukrainiens à la guerre des blindés sur leur base en Bavière (Allemagne) en effectuant des exercices avec des véhicules blindés de l’OTAN. Les chars et les militaires qui les pilotent quitteront l’Allemagne et entreront en Ukraine par la Pologne, d’où ils seront lancés contre le front russe.
Les chars modernes ont besoin de vastes réseaux logistiques pour les armer et les soutenir. En opération, un seul char M1 Abrams consomme 230 litres de carburant par heure. Ces chars nécessitent beaucoup de personnel logistique, dont une grande partie proviendra probablement des forces armées des pays de l’OTAN.
Non seulement les chars, mais aussi leurs trains logistiques et d’approvisionnement, deviendront des cibles. Chaque char Leopard 2 coûte environ 15 millions de dollars. La protection de ces systèmes d’armes, sans parler des troupes qui les entretiendront et les approvisionneront, deviendra une nécessité militaire vitale pour l’OTAN.
Les États-Unis et l’OTAN misent leur crédibilité sur l’issue de la guerre, qui se définit explicitement comme la défaite militaire et le démembrement de la Russie. La logique du conflit exige, par conséquent, une escalade toujours plus grande.
Avec ses colonnes blindées et ses lignes d’approvisionnement menacées par les armes et la puissance aérienne russes, que ce soit à l’intérieur de l’Ukraine ou au-dessus de la frontière polonaise, la presse américaine va évoquer à nouveau la création d’une «zone d’exclusion aérienne» comme une nécessité vitale pour protéger leur engagement.
Cela signifierait que, pour défendre leurs moyens militaires, les pilotes et opérateurs de missile anti-aérien (SAM) des États-Unis et de l’OTAN seront engagés (au sens militaire : combattront) pour abattre des avions de guerre russes, déclenchant ainsi une guerre directe entre les États-Unis et l’OTAN d’un côté, et la Russie de l’autre.
Telle est la perspective dans laquelle les populations nord américaine et européennes sont engagées à leur insu, par des gouvernements des États-unis et de l’Union européenne qui promettent d’éviter la «Troisième Guerre mondiale» et «l’apocalypse» nucléaire.
Dans les journaux nord américains
Le caractère provocateur des actions de l’OTAN est relevé par les journaux US. Ainsi, le New York Times écrit : «Au cours des dernières semaines, les barrières sont tombées les unes après les autres», alors que «les États-Unis et leurs alliés prennent davantage de risques pour défendre l’Ukraine».
Autre exemple, The Economist écrit dans un éditorial qui préconise l’envoi de chars de combat en Ukraine: « Une autre inquiétude est que, si la Russie est poussée trop loin ou trop vite, son président, Vladimir Poutine, pourrait provoquer une escalade et, dans le pire des cas, même déclencher une guerre nucléaire. Ces craintes sont bien réelles ».
Et pourtant, malgré le danger, The Economist plaide pour l’envoi de chars : « Si Poutine conclut que ses menaces nucléaires lui ont valu cette victoire, cela créerait un terrible précédent… Céder aux menaces nucléaires de Poutine aujourd’hui, c’est s’exposer à des affrontements plus périlleux demain ».
Le complexe militaro-industriel US, planificateur de guerre de l’OTAN et de ses affidés, fait un pari risqué : il suppose qu’il peut intensifier leurs engagements dans la guerre sans réponse russe. Non seulement le pari est stupide, mais il peut être perdant… au dépend des peuples. En effet, si le Congrès à Washington n’a pas peur des conséquences d’une guerre nucléaire (et pour cause, le conflit se déroulerait sur le continent européen) pourquoi croit-il que la Russie en craint les conséquences?
En fait, c’est bien le gouvernement russe qui fait face à la volonté de “changement de régime” de Joe Biden et de Kevin McCarthy (Président de l'Assemblée, Républicain), d’ Olaf Scholz et des militaristes verts allemands, d’Ursula von der Leyen (Présidente de la Commission européenne), de Charles Michel (Président du Conseil européen) et de Roberta Metsola (Présidente du Parlement européen).
Imaginons que The Economist soit du côté de la Russie, que dirait-il ? « Si l’OTAN conclut que l’escalade militaire lui a permis de remporter une victoire, cela créerait un terrible précédent ». Après tout, « céder à l’escalade de l’OTAN aujourd’hui prépare des affrontements plus périlleux demain ».
La stratégie de l’OTAN est claire : faire que la Russie réponde à l’escalade de l’OTAN en lançant une attaque contre l’OTAN ou une attaque nucléaire contre les forces ukrainiennes. Car plus les États-Unis et l’OTAN intensifient la guerre, moins la Russie a de raisons d’éviter l’escalade.
Pendant la guerre froide, la quasi-totalité de l’establishment politique américain acceptait la doctrine de la « destruction mutuelle assurée » selon laquelle certaines actions étaient inadmissibles pour les États-Unis, car le risque de provoquer une réponse nucléaire de l’Union soviétique était une menace inacceptable.
Aujourd’hui, les grands journaux claironnent que l’OTAN et les États-Unis ne peuvent être « dissuadés » de mener des politiques qui pourraient conduire à une guerre nucléaire…
La défense des intérêts économiques des USA
La stratégie des USA et de l’OTAN peut paraitre irrationnelle mais elle ne l’est pas. Elle est motivée par des intérêts sociaux et économiques, comme l’étaient les deux premières guerres mondiales du XXe siècle. L’invasion de l’Ukraine a été provoquée dans le but de déclencher un conflit qui conduirait au démembrement de la Russie. Car au-delà des intérêts géopolitiques purs, la classe dirigeante américaine fait face à un ensemble de crises économiques, sociales et politiques pour lesquelles elle n’a pas de solution. Elle croit que, par une manœuvre désespérée de conquête de la Russie, elle peut d’une manière ou d’une autre enrayer la crise qui fait rage dans la vie sociale et politique américaine.
De plus, alors qu’ils intensifient la guerre en Europe, les États-Unis transforment l’océan Pacifique en poudrière en soutenant le réarmement du Japon et l’armement de Taïwan en vue d’un conflit avec la Chine. Tous les moyens sont bons… y compris la guerre médiatique à coup de “ballons espions”.
Les plans de cette conflagration mondiale sont élaborés dans le dos des classes dominées des États-Unis et du monde entier. Les États-Unis et les puissances de l’OTAN mentent sur leurs intentions et cachent les conséquences de leurs actions. Les guerres récentes de l’OTAN (Kosovo, Irak, Libye…) en sont la preuve. Le mensonge guerrier s’étend à tous les grands partis politiques des États-Unis et d’Europe, qui se sont tous rangés derrière leur maître américain. Aucun d’entre eux ne dit clairement quelles seront les conséquences et combien de millions de vies ils sont prêts à sacrifier.
L’escalade rapide de la guerre est un avertissement pour tous les peuples : seule une mobilisation massive peut tenter d’arrêter la guerre !
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