Pour un processus constituant

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courageux, courageuses

 

À tous les courageux, à toutes les courageuses !
Afin ne pas subir des années supplémentaires d’effacement du pays et d'appauvrissement matériel de chacun, il est urgent de tirer les leçons des échecs passés pour sortir de la spirale perdante. Renouons les liens qui nous unissent les uns et les autres.

Depuis au moins trente ans, une partie de la population – les Courageux et les Courageuses – se mobilise pour empêcher la casse du pays. Mais pour ceux qui nous gouvernent, diriger la France c'est nécessairement passer outre la protestation sociale. Peu importe le nombre de manifestants. Peu importe que tous les corps de métier hurlent à la mort. Même mal élus (20% des inscrits au 1er tour de la Présidentielle 2022 pour Macron ; 38% au second, dont une bonne part ont voté surtout contre l'autre candidat), ils font le choix de ne plus tenir compte des Français. Quitte à se mettre à dos tous les syndicats. A faire douter de l'utilité de manifester, de se mettre en grève, de participer à des grands mouvements citoyens, sans lesquels la démocratie n'est pourtant qu'un décor de carton-pâte.
L'apparence, le trompe-l'œil, ils savent les manier. Le temps joue pour eux, puisqu'ils se payent sur nos impôts pour mener une politique de découpe du pays tandis que nous avons la tête dans le guidon pour gagner notre vie.
Alors, pourquoi les Français ne se révoltent-ils pas ?
Peut-être parce que les Courageux et les Courageuses que nous sommes ne s'y prennent pas bien… Les uns disent : « Ralliez-nous, nous sommes la gauche », les autres disent : « Non, nous, c'est la droite »,  ils clament en chœur : « L'opposition, c'est nous. » Tous courent plusieurs lièvres à la fois. Au nom de leur parti, de leur appareil et de leurs intérêts. Ils vont même jusqu’à se dire prêts à gouverner… avec le même socle électoral ridicule que Macron ! (*)
Ils n'ont pas compris que le corps social a besoin de construire un rapport de force en sa faveur hors des formats habituels.

Stratégiquement voir plus loin : lançons un processus constituant !

Pas une Constituante clés en main apportée par un grand Esprit, un homme providentiel, un Grand Ordonnateur qui, une fois élu, appuierait sur un bouton. Pas une nouvelle Constitution qui ne serait imaginée que par une nouvelle minorité…Non, un processus pour engager des forces, élargir, convaincre. Un exemple ? La grève des raffineurs : un Comité constituant local pourrait aller au-devant des files d'automobilistes pour expliquer le sens de leur lutte. Pareil pour l'actuelle casse des retraites, la fin des régimes spéciaux et pour les batailles à venir.
Aucun sujet ne serait tabou dans les Comités constituants locaux qui porteraient un tel mouvement. Les services publics ? La renationalisation des entreprises stratégiques ? La restauration et le développement d’un État social ? L’immigration ? Les raisons qui ont conduit le peuple français à être évincé du pouvoir ? Celles qui ont conduit la France à s'effacer ? L’appartenance ou non à l’Union européenne ? Tout peut favoriser le développement d’un état d’esprit constituant, y compris l’activité d’intérêt général d’associations de quartiers qui mènent des batailles pour la protection du patrimoine foncier, la récupération de la distribution de l’eau, des services de cantine, la préservation d’un service public, la lutte contre la fermeture d’une entreprise, etc.
Un règlement intérieur, dans ces Comités constituants locaux, interdirait tout assaut de sigles, chacun devant avoir l’intelligence de parier sur une dynamique majoritaire vertueuse, de ne pas enrôler ces Comités sous le drapeau d’idées hâtives, faussement objectives, de camps politiques tranchés qui reproduisent le Verbe haut et à coup sûr nous feraient reprendre le risque de la concurrence électorale, de la guerre des égos et de la marginalisation.
Ainsi, aurions-nous une chance de mutualiser les moyens de toutes et tous (de gauche, de droite et surtout d’ailleurs) afin de réunir suffisamment de militants pour penser, agir et être entendus vraiment sur le terrain. Ainsi, nous pourrions convaincre, aider, prendre les initiatives nécessaires pour impliquer la population. Un processus qui permettra d’identifier collectivement les tâches politiques et de les mettre en œuvre au fur et à mesure. Un peuple politique se reconstituera alors pour obtenir sa souveraineté nationale et populaire pleine et entière (la démocratie plus le cadre et la puissance pour l'exercer).
Avant qu’elles ne se donnent l’objectif clair du changement des institutions, il est probable que ces structures de lutte en restent aux seuls motifs de leur propre existence. Tout l’enjeu est de créer un environnement politique pour que peu à peu s’affirme une ambition de changement en faveur d’une véritable République démocratique et sociale.

Quelles seraient les modalités d’organisation pour que de tels Comités voient le jour pour prendre une dimension de masse ?

D’abord, développons l’état d’esprit constituant parmi les Courageux et les Courageuses. Que ces derniers se persuadent qu’à eux seuls, ils ne sortiront pas de l’ornière ni des échecs répétés subis depuis trente ans. Nous ne sortirons de l’inaptitude stratégique qu’à la condition que chacune et chacun comprenne ses insuffisances.
Bien sûr, dans le cadre de cette dynamique constituante, se reconstitueront des structures (et des débats) qui exprimeront des niveaux différents de maturité politique. Mais mieux vaut que des débats s’expriment au-delà des partis constitués qui, s'étant auto-proclamés comme « les meilleurs » (les seuls qui ceci, les seuls qui cela…), veulent faire passer la complexité de la réalité par l’étroitesse de leur analyse - comment par exemple être favorable à une VIe République sans avoir préalablement encouragé un mouvement social massif qui la porte ?
Ensuite, après un temps de ralliement de forces significatives à l’état d’esprit constituant, un APPEL national à la création de Comités constituants locaux serait lancé, suivi de leur mise en réseau. Se discuterait ensemble la manière de s’auto-administrer nationalement.

Courageux, courageuses, faisons avance l’état d’esprit constituant !

Pour participer, inscrivez-vous à l’adresse :[email protected] en indiquant vos nom, prénom et code postal. Nous créerons une liste de discussion entre les inscrits.

(*) 1er tour de la Présidentielle 2022 : toute la gauche (extrême-gauche comprise) : 23 % des inscrits, soit le même socle électoral que Macron… Aux législatives, c'est bien pire : 15,4 % au 1er tour et 14,4 % au 2e (divers gauche compris, etc.). Au 1er tour de la Présidentielle, le RN n'a obtenu que 16,6 % des inscrits ; 10,6 % (avec Reconquête de Zemmour) aux Législatives du 1er tour et 7,3 % au 2e.