La bataille pour savoir qui est « de gauche » est lancée

Par Joël Perichaud, secrétaire national du Parti de la démondialisation chargé des relations internationales

Le 22 février 2018

Après avoir soutenu Tsipras pendant des mois et nous avoir doctement expliqué que celui-ci était un héros qui avait résisté de toutes ses forces à la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) et cédé le « flingue sur la tempe », Mélenchon a fini par comprendre que sa position était intenable...

Intenable, parce que depuis janvier 2015, date de l’arrivée de Syriza au pouvoir, aucune promesse de campagne n’a été tenue.

Intenable, parce qu’en juillet 2015, Tsipras a transformé le NON du peuple Grec aux mesures d’austérité de la Troïka en OUI.

Intenable, parce que la signature, par Tsipras, du 3e mémorandum a déchaîné l’austérité néolibérale et précipité le peuple grec dans une profonde misère.

Intenable, parce que Tsipras, après avoir bradé son pays aux intérêts privés, en particulier allemands, dépossède les Grecs de leur logement en les mettant aux enchères.

Intenable, parce que Tsipras, après avoir réduit drastiquement les salaires et les retraites, enterre le droit de grève.

Intenable, parce que ça fait beaucoup (trop) pour que les peuples, en particulier d’Union européenne, croient encore à la « théorie du héros »...

Mélenchon a donc décidé de s’en sortir… par un coup d’éclat. Fin janvier, il a demandé l’exclusion de Tsipras du Parti de Gauche européen pour complaisance avec l'austérité, voulant ainsi se donner l’image de la « vraie gauche »

Bien sûr, ce « haut fait de guerre » ne changera rien. Ni pour Tsipras, ni pour le peuple grec.

Mélenchon croit faire oublier son impasse politique avec un coup de menton...Mais nous n’oublierons pas et ses électeurs devraient s’en souvenir pour les élections européennes.

Tsipras réplique pourtant: « Nous sommes plus à gauche que Mélenchon. Nous, nous sommes à gauche en pratique et pas seulement en paroles… Nous avons créé plus de 300 000 emplois depuis 2015. » Et persiste « Greece is back. Notre obsession n'est pas de revenir à l'époque où les gouvernements ne pensaient qu'à dépenser plus, mais de créer plus d’emplois ».
Tsípras parle sans complexe de "compétitivité", tandis que ses ministres mettent en avant sa politique sociale… On croit cauchemarder… Visiblement, ce n’est pas ce que vivent les Grecs, mais le gouvernement « de gauche radicale » s’en fiche éperdument.

Car, tel un sauveur, il annonce la bonne nouvelle à son peuple : la sortie du plan d'aide européen et de la tutelle bruxelloise devrait être officielle cet été.
Tsipras oublie de dire que ce n’est pas gagné et qu’en obéissant servilement à l’UE, il a institué l’austérité à perpétuité.

Alors les comparaisons de cour d’école pour savoir qui est le plus à gauche ne sont destinées qu‘à distraire les journalistes (qui vont pouvoir « pisser de la copie », organiser des « pseudo-débats » stériles et les électeurs qui croient encore, contre toute évidence, qu’il y a une différence entre les politiques néolibérales d’austérité exigées par l’UE, mises en œuvre par Tsipras et celles qui seraient mises en œuvre en cas de victoire de l’ « Insoumis en chef ».

Panem et circenses (du pain et des jeux du cirque)… non merci !

 

Pour aller plus loin :
Grèce : Non au dépeçage des biens du peuple !
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