Retour sur les élections départementales de mars 2016

Sous l’impulsion du président de la République François Hollande et du Premier ministre Manuel Valls, les socialistes, à l’approche de leur déroute électorale prévue aux élections départementales de mars 2016, ont rejoué le film de 1982-1983 dont le réalisateur était Francois Mitterrand. Ils ont tout fait pour gonfler le score du FN. Pourquoi ? Parce que si le FN était arrivé en tête les 22 et 29 mars 2015, la menace de sa victoire en 2017 serait devenue crédible. Dès lors, jouant sur la peur, le PS voulait susciter un réflexe de défense du corps social permettant aux électeurs de droite de voter au second tour de la présidentielle pour le candidat de gauche opposé à Marine Le Pen, et inversement en cas de présence d’un candidat de droite. Les dirigeants socialistes n’ont trouvé que cette manœuvre pour mobiliser un électorat de gauche qui s’abstient en grandes proportions.

 

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Après leur « tournant de la rigueur » de 1982-1983, François Mitterrand et le Parti socialiste, pour faire face au mécontentement grandissant qu’il suscitait dans le pays, ont décidé de diviser la droite afin de tenter de conserver la majorité à l’Assemblée nationale. Pour y parvenir, ils ont ouvert à Jean-Marie Le Pen les grands médias audiovisuels qu’ils contrôlaient désormais, et ont introduit le scrutin proportionnel à la place du scrutin par circonscription aux élections législatives. Ils ont ainsi fait entrer le FN à l’Assemblée nationale.

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Trente ans après, le même scenario est en cours. Nous sommes entrés dans l’âge de la politique du « moins pire » : on ne vote plus par choix mais par défaut. Tout ceci grâce au FN mis en place pour bloquer la vie politique française et assurer aux deux grands partis de gauche (le PS) et de droite (LR), une alternance sans alternative.

Ni le PS, ni LR, n’ont aujourd’hui la certitude d’être présents au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Sauf « retournement » imprévu de l’opinion, on ne voit pas comment le PS pourrait se qualifier à coup sûr pour le second tour de l’élection présidentielle. Même chose pour LR. Ces deux partis auront besoin d’une large union pour les soutenir dès le premier tour. Les grands partis attendent beaucoup du scrutin majoritaire à deux tours de l’élection présidentielle. Ce système, en effet, nécessite des alliances pour être dans les deux premiers au premier tour et être ainsi qualifié pour le second. Or le FN ne peut et ne veut pas faire d’alliances. Sans alliances, sa probabilité d’accession au pouvoir est faible. On ne voit pas comment le FN pourrait obtenir plus de 50% au deuxième tour de la présidentielle et gagner une majorité de députés. Tel est le raisonnement des dirigeants du PS et de LR. C’est pourquoi il se dit que le PS veut affronter Marine Le Pen au second tour de la prochaine présidentielle. Même chose pour le candidat de la droite. En vérité, PS et UMP s’arrachent Marine Le Pen !

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PS et LR ont donc besoin de diaboliser le FN pour que leur stratégie fonctionne. Ils ont besoin de faire un chantage à la peur en agitant l’épouvantail du FN. Nouvelle Donne, EELV, le Front de gauche, accepteront-ils de ne pas présenter de candidat en 2017 et d’appeler à voter au premier tour par exemple, pour… Manuel Valls ? Martine Aubry ? François Hollande ? Ségolène Royal ? À droite, le MoDem et l’UDI feront-ils pareil ? D’où le besoin de faire monter le FN et de dramatiser sa progression pour que l’électorat accepte le choix du vote utile et du « moins pire ».

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Il y aura déchaînement médiatique contre tous ceux qui refuseront ce chantage en persistant à vouloir sortir du système eurolibéral. Front de gauche (PCF, PG…) anticipent déjà cette stratégie, ils ont commencé pendant les élections européennes et départementales. Les petites formations politiques eurosceptiques comme Debout la France (DLF) ou l’Union populaire républicaine (UPR) payent leur erreur politique de ne pas avoir appelé au boycott de l’élection européenne et sont désormais dans une impasse stratégique totale. Leurs leaders, croyant avoir un destin historique, se préparent depuis des années pour l’élection présidentielle. Cette voie leur est entièrement fermée pour 2017.

Cependant, le PS et LR jouent avec le feu. Car le frein à l’égard du vote FN continue de disparaître. Et rien n’indique que l’élection de Marine Le Pen en 2017 soit impossible. Pour faire face à cette hypothèse, PS et LR ont un plan « B », c’est celui d’une « grande coalition » à l’allemande ou d’un gouvernement d’ « unité nationale » à la française. Une « grande coalition rassemblant le Parti populaire européen et le Parti socialiste européen (PPE-PSE) existe déjà de fait au « Parlement » européen et dans 13 pays de l’UE sur 28…

Le PS et LR vont concentrer leurs efforts sur l’appel au vote utile et au rassemblement autour d’eux. Pour la présidentielle, le PS demandera au Front de gauche de ne pas présenter de candidat. Ce dernier appellera-t-il alors à voter pour le candidat socialiste (François Hollande ? Manuel Valls ? Ségolène Royal ? Martine Aubry ?). Dès le premier tour ?  

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