Le journal israélien Haaretz révèle la politique délibérée de massacre des Gazaouis

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Mort lors d'une distribution alimentaire à Gaza
Mort lors d'une distribution alimentaire à Gaza

 

Par Joël Perichaud, secrétaire national du Pardem aux relations internationales

Le 25 juin 2025, le journal israélien Haaretz a publié un reportage confirmant que les soldats israéliens ont ordre de tirer sur les Palestiniens aux points de distribution de nourriture. Au sein de l’armée israélienne, ces massacres sont officiellement justifiés comme  étant une forme de «contrôle des foules», les soldats déplaçant des groupes de personnes non armées d'un endroit à l’autre en tirant sur eux.
Un soldat interrogé par Haaretz a déclaré que la surveillance de la distribution de nourriture par les forces israéliennes était appelée « Opération Poisson Salé ».

Chaque jour, souvent tard le soir ou tôt le matin, des dizaines de milliers de personnes font la queue sur les sites de distribution de la Fondation humanitaire de Gaza (Gaza Humanitarian Foundation - GHF) pour recevoir de la nourriture, qui n'est disponible que pendant une heure, provoquant une ruée de personnes affamées.
Rappelons que la GHF est une organisation privée soutenue par Trump et le gouvernement fasciste de Netanyahou. Sa mission officielle est de distribuer de l'aide humanitaire dans des zones militarisées, pour répondre à la crise humanitaire provoquée qui sévit à Gaza et aggravée par la décision israélienne de stopper totalement l'acheminement de l'aide humanitaire internationale, le 2 mars 2025. Dans les faits, la GHF est un instrument de propagande politique et militaire de distribution de l’aide humanitaire. Ajoutons que GHF est un système opaque qui serait contrôlé par deux sociétés militaires privées, UG Solutions et Safe Reach Solutions, toutes deux liées à Two Ocean Trust LLC, une holding US de gestion de patrimoine. Safe Reach Solutions est dirigée par Philip Reilly, ancien chef paramilitaire de la CIA, tandis que UG Solutions est aux mains de Jameson Govoni, ex-membre des forces spéciales américaines. John Acree, le directeur des opérations de la GHF à Gaza, serait un collaborateur habituel des sociétés militaires privées qui gravitent, sous couverture humanitaire, dans l’orbite des opérations militaires américaines et de la CIA. Du « beau monde » au-dessus de tout soupçon quant à leurs intentions philanthropiques…
Les révélations publiées par Haaretz  confirment les observations des principales agences humanitaires, comme les Nations Unies et Médecins sans frontières (MSF), montrant que les « centres d'aide » font, en réalité, partie de l'opération de nettoyage ethnique menée par Israël à Gaza.
Ces centres ont pour but de concentrer la population au sud de l'enclave afin de faciliter son transfert vers des camps de concentration quadrillés par les troupes israéliennes et de préparer l'expulsion du peuple palestinien hors de Gaza. C’est le déroulement du plan de nettoyage ethnique présenté par Donald Trump et adopté par Benjamin Netanyahou.
Dans un communiqué publié le 25 juin 2025, MSF a qualifié les opérations de la GHF de «  »…
Quelques jours avant MSF, l’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme a averti que « le modèle opérationnel de la fondation consiste à attirer les civils vers des endroits spécifiques coordonnés avec l’armée israélienne, où ils sont soumis aux assassinats, aux blessures et aux traitements cruels et dégradants ».

Le contrôle des foules par la propagande la manipulation et par les balles

Ceux qui tentent de ramasser de la nourriture abandonnée par terre, trop tôt ou trop tard au regard du timing imposé par la soldatesque israélienne, sont abattus.
Un soldat interrogé par Haaretz témoigne : « C'est un champ d’extermination », ajoutant : « Là où j'étais en poste, entre une et cinq personnes étaient tuées chaque jour. Elles sont traités comme des forces hostiles : pas de mesures de contrôle des foules, pas de gaz lacrymogènes, juste des tirs à balles réelles avec tout ce qu'il est possible d’imaginer : mitrailleuses lourdes, lance-grenades, mortiers. Puis, une fois le centre ouvert, les tirs cessent et elles savent qu’elles peuvent approcher. Notre moyen de communication, c'est la fusillade. »
Un autre soldat explique : « Nous avons tiré avec des mitrailleuses depuis des chars et lancé des grenades. »
L’un des auteurs du reportage, Nir Hasson, a déclaré à Al Jazeera : « Il s'agit en fait d'une pratique consistant à […] contrôler la foule par des tirs, comme si vous vouliez que la foule s'enfuie d'un endroit. Vous leur tirez dessus, même si vous savez qu'ils ne sont pas armés […] Vous utilisez les tirs pour déplacer les gens d'un point à l’autre ».
En fait, tout dans le fonctionnement des sites de distribution alimentaire de la GHF est calculé pour éliminer des civils non armés, sous prétexte de leur apporter de l’aide.
La veille des révélations publiées par Haaretz, Tommy Pigott, le porte-parole adjoint du Département d’État américain annonçait que le gouvernement Trump avait financé la GHF à hauteur de 30 millions de dollars qualifiant les actions la GHF d’« absolument incroyables » qui méritaient « d'être saluées et soutenues ».
Devant le scandale, l'armée israélienne a lancé une enquête interne sur les crimes de guerre commis dans les centres d'aide alimentaire… Confirmant involontairement les informations de Haaretz. Mais, comme toujours, ces enquêtes ne sont que des contre-feux, des opérations de communication visant à créer l'illusion d'une surveillance tout en garantissant l'impunité aux auteurs de crimes de guerre.
Dans une déclaration faite le 27 juin 2025, Netanyahou et son ministre de la Défense, Israel Katz, ont accusé Haaretz de propager des calomnies de « meurtre rituel » dirigées contre l'armée israélienne, qu’ils ont qualifiée « d’armée la plus morale du monde ».
Dans les faits, au cours du mois dernier, les forces israéliennes ont ouvert le feu quasi-quotidiennement sur la population civile à la recherche d’une aide alimentaire auprès de la GHF. Lors de dix-neuf « incidents distincts » recensés par les organisations humanitaires et l’ONU, plus de 549 personnes ont été tuées et plus de 4 000 personnes blessées.
Depuis que la GHF opère, les massacres quotidiens sont une politique délibérée :  tirer avec des armes légères, des obus de chars et des mortiers, sur la population venue demander de l’aide,   afin de transformer les points de distribution de nourriture en champs d’extermination.

Les tristes clowns de l’UE complices

Pourtant habituée à soutenir les régimes fascistes et leurs dictateurs (Zelensky, Netanyahou et consorts), les crimes perpétrés par le gouvernement israélien et son armée deviennent trop visibles et la chanson : « Israël a le droit de se défendre »  difficile à chanter pour l’Union européenne (UE) et ses thuriféraires.
On pourrait en conclure que lorsqu’elle refuse de condamner le génocide et les crimes contre l’Humanité, c’est que ces abominations appartiennent aux vraies « valeurs » de l’UE et des 27 gouvernements qui la composent.
Pourtant, sans honte et sans vergogne, ces tristes clowns européistes continuent à entourlouper les peuples avec leurs déclarations ampoulées et vides. Le 23 juin 2025, les ministres des Affaires étrangères européens réunis en Conseil ont échangé sur une possible révision de l’accord d'association liant les 27 à Israël mais toutefois, sans le suspendre ! Mais celle qui en parle  le mieux est l’inénarrable Kaja Kallas, la haute représentante de l'UE à la politique étrangère et la sécurité : « Nous avons examiné aujourd'hui la conformité d'Israël par rapport à l'article 2 de notre accord d’association (1). Notre premier objectif est de demander à Israël que la situation sur le terrain change réellement […] Notre intention n'est pas de les punir».
Quant à Macron, notre clown national, il participe pleinement à cette mascarade européenne.

L’UE et Macron sont complices du génocide commis à Gaza.

 

Note
1 - Selon l'article 2 du texte, les relations entre l’Union européenne et Israël reposent sur « le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques », valeurs guidant tant leur politique intérieure qu’extérieure. Cependant, les gouvernements israéliens successifs, notamment celui d’Ariel Sharon (2001-2006) puis, celui de Benyamin Netanyahou, n’ont jamais tenu compte de ces engagements, poursuivant et intensifiant l’appropriation des terres palestiniennes.