Le 29-12-2022
par Joël Perichaud, Secrétaire national du parti de la démondialisation aux relations internationales
L’attaque de drone contre un aérodrome à Koursk le 7 décembre 2022, un jour après que la Russie ait accusé Kiev de lancer des attaques de drones sur deux aérodromes militaires en territoire russe, marque une escalade majeure dans la guerre que l’OTAN mène contre la Russie.
Cette attaque a eu lieu à 100 km de la frontière ukrainienne, n’a pas fait de victime mais a déclenché un incendie majeur qui a duré 10 heures et s’est étendu sur près de 2 km2.
L’emplacement des attaques et leur mise en œuvre mettent une fois de plus en évidence l’implication directe des États-Unis. En effet, les attaques du 5 décembre contre deux bases aériennes à Riazan et Saratov (Russie centrale et méridionale) avaient déjà été imputées à Kiev. Les responsables russes estiment qu’elles impliquaient des drones russes Strizh de l’ère soviétique et modifiés, lancés par l’Ukraine. Trois militaires ont été tués, quatre blessés et deux avions ont été endommagés. Des bombardiers Tu-22M3 à capacité nucléaire ont été frappés sur l’aérodrome Engels-2 et à la base aérienne de Dyagilevo. Le ministère russe de la Défense a déclaré que ces attaques étaient des actes de terrorisme et a réagi en bombardant des infrastructures clés ukrainiennes.
Des drones, présumés ukrainiens, ont également attaqué l’aéroport militaire de Belbek à Sébastopol mais ont été abattus par la défenses aérienne russe, tandis que des drones visaient également et sans succès un dépôt de carburant de la région de Briansk.
Briansk, Koursk et Belgorod, situés tout près de la frontière avec l’Ukraine ont été attaqués de nombreuses fois. Mais les dernières attaques et les cibles choisies impliquent clairement un travail de collecte d’informations de vaste ampleur de multiples services de renseignements et donc une collusion de haut niveau.
L’analyste militaire ukrainien Serhiy Zgurets note que les bases aériennes touchées étaient les seules installations russes capables d’assurer l’entretien complet des bombardiers utilisés pour les attaques visant l’Ukraine. Si le gouvernement ukrainien a refusé de reconnaître la responsabilité des frappes, un haut responsable ukrainien a confirmé au New York Times qu’au moins un des drones avait été lancé depuis l’Ukraine et qu’une des frappes avait été effectuée à l’aide de forces spéciales proches de la base russe touchée.
Ces cibles sont les plus lointaines que les Ukrainiens aient jamais frappées en Russie durant tout le conflit. En effet, Ryazan n’est qu’à 185 km au sud-ouest de Moscou et Saratov est à environ 640 km de la frontière ukrainienne…Si l’Ukraine peut frapper aussi loin en territoire russe, elle peut aussi frapper Moscou.
La question posée est : Comment l’Ukraine a-t-elle réussi à faire ces frappes ?
De hauts responsables occidentaux ont applaudi ces attaques en territoire russe indiquant que les forces ukrainiennes pouvaient « opérer en Russie à volonté ». Le New York Times s’est réjoui de ce que ces attaques «s’ajoutaient aux signes indiquant que Kiev souhaitait rapprocher la guerre de Moscou et du président Vladimir V. Poutine », qu’elles avaient «modifié la géographie de la guerre, montré les défaillances des systèmes de défense aérienne de Moscou et signalé la détermination de Kiev à faire payer à la Russie un prix plus fort pour son assaut incessant des infrastructures ukrainiennes ».
Or la capacité de l’Ukraine à mener de telles attaques n’ est inexplicable que si Kiev peut compter sur le réseau d’espionnage de Washington et ses nombreux “correspondants” envoyés et installés en Russie durant des décennies. Ces « succès» ukrainiens largement médiatisés par la presse étasunienne et européenne ainsi que d’autres provocations, plus secrètes, sont planifiées par l’Otan pour prolonger et intensifier la guerre contre la Russie, sans soldats de l’OTAN mais « jusqu’au dernier Ukrainien ».
Car l’offensive des USA, de son bras armé l’Otan et de ses affidés de l’Union européenne, dure depuis longtemps.
Rappelons-nous les “explosions” des pipelines Nord Stream I et II, mettant fin au transit du gaz naturel russe par la mer Baltique vers l’Allemagne, les explosions dans le port naval de Sébastopol du 29 octobre, impliquant également des drones, qui ont partiellement détruit un pont, et le missile lancé par les Ukrainiens le 15 novembre sur un village agricole polonais qui a tué deux civils…
Les provocations et actes de guerre de l’Ukraine, comme les dernières frappes au cœur du territoire russe, les mensonges de Zelensky pour faire porter à la Russie la responsabilité de son attaque à la roquette contre la Pologne, ont dévoilé l’objectif de Kiev : pousser l’OTAN à entrer en guerre frontale contre la Russie, en invoquant son article 5 qui oblige les États membres de l’Otan à la défense mutuelle.
Si le président américain Joe Biden est intervenu pour s’opposer à ce qui aurait signifié le passage immédiat à une guerre directe avec la Russie, c’est que les opinions publiques des pays d’Europe et des États-Unis ne sont pas encore prêts à l’accepter.
Mais, dans les faits, les attaques de l’Ukraine, coordonnées avec les États-Unis et l’Otan et soutenues par l’UE, constituent une escalade majeure de la guerre. Les États-Unis ont franchi les « lignes rouges» de la Russie sans considération pour les peuples du continent européen. Rappelons que la guerre a déjà fait entre 150 000 et 200 000 morts parmi les soldats ukrainiens.
Le déplacement de Zelensky à Washington, orchestré en avion taxi par les États unis est le dernier signe concret d’escalade donné par les USA, l’OTAN et leurs affidés. On notera au passage le peu d’empressement et de considération de Zelensky pour l’UE, auprès de laquelle il fait une “manche permanente” et dont il tire des bénéfices financiers, Mais la réalité politique est plus forte. Alors autant se fier directement au “Dieu” (américain) à ses “saints” (l’Union européenne). En effet, aux antipodes de la déclaration de V. Poutine qui souhaite “une fin rapide du conflit”, les sénateurs et députés étatsunien ont décidé d’une nouvelle aide financière de 45 milliards de dollars (après celle de 40 milliards de dollars) et de nouveaux envois d’armes dont de missiles Patriot en Ukraine,
sans appels à la paix ou de mises en garde américaines à M. Zelensky contre la poursuite du bombardement des immeubles d'habitation dans les zones peuplées du Donbass, région de l'est de l'Ukraine contrôlée par les séparatistes prorusses. Or le lancement et le suivi de ces missiles de haute technologie nécessite une formation de plusieurs mois (voire d’une année) de l’armée ukrainienne. Il faut donc le dire et le répéter : Si des missiles Patriot venaient à être lancés dans les prochains mois, il est vraisemblable qu’ils le seraient directement par des “conseillés” militaires des USA et de l’OTAN avec la bénédiction de l’UE. Ceci serait une implication directe, une déclaration de guerre du bloc USA-OTAN-UE à la Russie.
Ainsi, il n’est plus temps, pour les sceptiques ou les médias de masse russophones, de gloser sur la responsabilité du déclenchement du conflit mais de répondre à la question suivante : Qui veut le prolongement du conflit et son élargissement ?
La réponse a clairement été donnée par Biden et Zelensky…
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