Rien à attendre en 2023 mais tout à prendre !

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2023

 

par Michèle Dessenne, Présidente du Parti de la démondialisation

Les vœux ? Un rite, une convention, des chimères ? L’amour, la joie, la fraternité, la santé, le bonheur, la prospérité, la réussite, la paix… Comme si le passage du 31 au 1er, d’un coup de baguette magique, effaçait le réel pour ouvrir un lendemain radieux, quasi immédiat. Le temps d’un rêve peut-être, comme un flash. Un temps arrêté qui ferait advenir un nouveau commencement, débarrassé du réel trop médiocre, trop angoissant, trop cruel. Une nouvelle page. Une nouvelle vie. Pourtant tous les vœux que nous pourrions formuler ne seraient rien s’ils n'étaient pas reliés à la possibilité de leur réalisation.

L’amour ? Dans un monde où prévaut la quête d’un partenaire via un site de rencontre, où chacun et chacune se valorise tel un objet en vitrine pour trouver l’idéal amoureux au travers de sa photo et de la description de ses centres d’intérêts : ce qu’il ou elle aime manger, ce qu’il lit, quel film il regarde, combien il ou elle mesure, etc. permettant ainsi à l’algorithme d’indiquer les compatibilités entre les postulantes et les postulants. Désillusions garanties la plupart du temps...

La fraternité ? Dans un monde dominé par la performance et la concurrence. La fraternité dans une société fracturée entre les profiteurs du CAC 40 et les grands sacrifiés à la mondialisation. Une société divisée entre les « races », les genres, les religions, les mangeurs de viande et les croqueurs de légumes, entre les ruraux et les urbains, les trans et les féministes universalistes, entre les « woke »  et les « boomers », entre les « vrais » écologistes et les fumeurs de Gitane, les conducteurs de voitures et les cyclistes, les trottinettes et les piétons, entre les jeunes et les vieux, les actifs, les privés d’emploi, les retraités.

La prospérité ? Dans une France où 10 millions de personnes survivent de plus en plus douloureusement sous le seuil de pauvreté, où flambent les prix de l'énergie mais aussi des produits alimentaires, où les salaires stagnent, où les artisans et PME sont condamnés au dépôt de bilan…

La réussite ? Dans une France où l’éducation nationale n’a plus les moyens de conduire les élèves jusqu’à un diplôme, où le niveau de vie de la grande majorité des citoyens est en régression, où des dizaines de milliers de demandeurs d’emploi sont contraints d’accepter des « petits boulots en tension » payés des queues de cerises ou sont radiés, où des milliers d’étudiants ne mangent plus à leur faim…

La santé ? Toute l’architecture de la prise en charge de la maladie a été volontairement déconstruite depuis des années tant dans les hôpitaux publics que dans le système de la médecine générale libérale. Et les déserts médicaux ne cessent de s’étendre dans le pays. La rupture est là : des patients qui décèdent parce que les personnels soignants sont en nombre insuffisant, tout comme les lits disponibles (21 000 ont été fermés en 5 ans, y compris durant la période de Covid), les services pédiatriques dépérissent, les services psychiatriques sont plongés dans l’indigence... Et pour la première fois depuis des décennies la mortalité infantile augmente tandis que l’espérance de vie recule. En outre, tant que de véritables changements ne seront pas mis en œuvre pour sauver la biodiversité, préserver et améliorer la qualité de l’air et de l’eau et que la rupture avec l’industrie agricole polluante ne sera pas effective, la santé pour tous ne sera qu’un vœu pieu !

La paix ? L’Union européenne, qui l’a revendiquée pendant des décennies, a désormais montré son visage le plus hideux avec la guerre Ukraine/Russie. Ses prétendues mesures contre la Russie ont d’abord touché les Français et d’autres pays membres. Son allégeance aux États-Unis, à l’Otan, son incapacité et, surtout, son absence de volonté d’agir diplomatiquement, ne laissent que peu d’espoir à la construction d’un cessez-le-feu rapide en Ukraine. Et la concurrence des marchands a désormais commencé pour obtenir une part du gâteau de la reconstruction de l’Ukraine…
Alors, le bonheur, la joie… Qui peut y accéder dans un monde totalement déterminé par le néolibéralisme qui a mis la main sur les règles du commerce et de la finance, mais aussi sur l’information, le numérique, le travail, les droits sociaux, la santé et, pour mieux remplir ses objectifs, sur les États. De droite ou de gauche, les dirigeants tiennent désormais les rênes des nations, en association étroite avec les institutions supranationales, telle l’Union européenne, privant les peuples de leur droit souverain et les tenant par des actes de charité au coup par coup : chèque bidule, aide truc, mais surtout pas d’augmentation de salaire pour ne pas bouleverser le « marché de l’emploi »…

Bref que nous reste-t-il à attendre ? À attendre d’eux ?

Rien ! Rien à attendre, mais tout à imaginer pour creuser des voies navigables vers une reconquête de la souveraineté populaire et nationale et une solidarité internationale infaillible. Les femmes iraniennes en lutte pour leur liberté, leurs droits, engagées contre la tyrannie du régime religieux islamique des mollahs, au prix de leur vie, nous montrent que même quand il n’y a plus rien à attendre, il y a tout à prendre ! Leur courage et leur détermination méritent notre admiration et nous donnent à penser qu’en France aussi la colère individuelle peut se transformer en rébellion et en révolution.
Alors parce que nous ne sommes pas sans espoir, au vu de notre histoire et de nos aspirations à la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité, notre vœu serait de voir entrer la jeunesse de France dans un combat politique, aux côtés de toutes les générations qui n’ont rien oublié de la signification de la lutte des classes, des conquêtes sociales arrachées dans le passé, et qui ne craignent pas de dénoncer l’ennemi principal : le capitalisme dont la forme actuelle est le néolibéralisme avec sa créature la plus perfide et la plus ravageuse : l’Union européenne.

2023 ? Non le passage à une nouvelle année ne change pas la vie mais le changement de système, lui, est possible. A tout moment. On s’y met ?
Faisons de 2023 une année de rupture avec le gouvernement Macron, avec l’Union européenne, pour la conquête démocratique par le peuple !