Le 18-08-2018
par Joël Perichaud, secrétairenational à l'international
le 26 juin2018
2% du PIB : c’est l’engagement renouvelé par les pays de l’Union européenne pour financer l’Otan. Retour sur les déclarations de Florence Parly, ministre des Armées, le 19 juin.
Florence Parly, la ministre des Armées, pratique la méthode Coué...pour cacher les échecs de ses maîtres. Elle se félicite bruyamment des propositions faites par le « couple franco-allemand » lors de leur réunion à Berlin le 19 juin:
« Accord de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de programmation militaire 2019-2025. L’Assemblée nationale et le Sénat ont dépassé les clivages partisans et montré leur attachement à notre défense et au renouveau de nos Armées. Prochaine étape: adoption définitive. »
« L’Europe de la défense avance. Progrès concrets sur le système de combat aérien du futur et le char de combat du futur. Une vision partagée, des équipements plus efficaces, le début de l’autonomie stratégique européenne. »
C’est vrai que la situation internationale (et Florence Parly) pourrait faire à croire ce fantasme Macronien.
La France et l'Allemagne engagent (une nouvelle fois !) des coopérations industrielles autour de matériels communs pour produire des équipements militaires. Mais la France et l'Allemagne ne sont pas l'Europe...
Des coopérations existent déjà entre quelques pays européens, mais ne se font pas à l'échelon de l'UE. Les projets dits européens sont des projets de trois ou quatre pays, puisqu'il n'y a que trois ou quatre pays de l'UE qui ont des industries de défense au niveau requis...
La plupart des pays membres de l'UE ne possèdent aucune industrie de Défense digne de ce nom et achètent américain plutôt que français pour leur armée. Les mêmes préfèrent investir dans un projet de développement américain plutôt qu'européen. C’est le choix de la Belgique pour le F-16 et celui qui le remplacera probablement, le F-35 américain. Rappelons que le programme aéronautique F-35 Lightning II est un projet d'avion multirôle de cinquième génération conçu par le Pentagone et développé depuis 1996 par le constructeur Lockheed Martin (USA) avec, comme principaux partenaires, Northrop Grumman (GB) et BAE Systems (GB). En fait, le F-35 est financé et réalisé par une dizaine de pays de l'OTAN (Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Norvège et Danemark, pour ne citer que les partenaires européens).
L’Europe de la défense est inexistante.
En décembre dernier, trois piliers du complexe militaro-industriel américain (Raytheon, UTC et Bell Helicopters) ont sponsorisé un colloque dédié à l'Europe de la Défense...qui a invité ses représentants en «guest-stars»... !
La Commission européenne a alloué 13 milliards d'euros au Fonds Européen de Défense (FED) pour la période 2021-2027.
À partir du moment où vous créez un système de défense, il faut au préalable avoir une stratégie et l'UE est incapable d’en produire une. La stratégie qui a été édictée par Frederica Mogherini, Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, reprend celle de Javier Solana. C’est un copié-collé des objectifs de l'OTAN. C’est normal car, finalement, comment les pays de l’UE pourraient-ils développer une stratégie commune alors que leurs intérêts politiques et géostratégiques sont divergents ?
La stratégie fait défaut, mais la capacité militaire, la capacité de projection de troupes manque aussi aux pays membres de l'UE. La seule « grande idée » de défense avait été : des forces d'intervention de 50 000 hommes sur plusieurs semaines... Rapidement stoppée, cette idée et les systèmes afférents, ont été récupérés et mis en place par l'OTAN....
Loin d’une « Europe de la défense » c’est d’une véritable défense nationale, souveraine et autonome dans ses décisions dont la France a besoin. Ceci n’exclut pas des coopérations choisies avec d’autres pays.
- Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire