Le 19-06-2018
Par Michèle Dessenne, vice-présidente du Pardem
le 19 juin 2018
On aurait rêvé en ce mois de mai 2018 qu’un grand vent crée l’événement et génère une mobilisation sociale large, populaire et durable pour barrer la route de Macron, agent zélé de l’eurolibéralisme. Raté. On est resté au port. Le vent n’a pas soufflé. Pas étonnant puisque les causes de l’austérité et de la destruction de l’Etat ne sont jamais mises en question. Invisible le rôle de l’Union européenne, alors même que la réforme de la SNCF est indispensable à l’ouverture à la concurrence, fin 2018. Une poutre dans l’œil, une paralysie partielle du cerveau privent les « mouvements sociaux » de leur capacité potentielle à analyser le contexte social, politique et économique et à agir en conséquence.
Après plusieurs mois de grève des cheminots, les manifestations des fonctionnaires, celle du 1er mai, les mobilisations des salariés de Carrefour, l’initiative de F. Ruffin « la fête à Macron », le 5 mai, celle de la « Marée populaire », le 26 mai, qui associait CGT, Solidaires, FSU, FI, PCF, NPA, et moultes associations dont Attac, que penser de la situation ?
Gouvernement inflexible, qui applique avec ardeur la liste des réformes prescrites par l’Union européenne via des traités, des directives et ses recommandations semestrielles ; organisations syndicales affiliées à la CES, engluées dans leur européisme pathologique, dont la CGT n’est pas exempte ; associations « citoyennes » dont le raisonnement est amputé par l’eurobéatitude et l’incapacité à penser le réel, la nation, la souveraineté : rien n’a bougé !
Le vent n’a pas soufflé
Pas étonnant puisque les causes de l’austérité et de la destruction de l’Etat ne sont jamais mises en question. Invisible le rôle de l’Union européenne, alors même que la réforme de la SNCF est indispensable à l’ouverture à la concurrence, fin 2018. Une poutre dans l’œil, une paralysie partielle du cerveau privent les « mouvements sociaux » de leur capacité potentielle à analyser le contexte social, politique et économique et à agir en conséquence. Les médiocres slogans entendus à la manifestation de « la marée populaire » sont l’expression du néant politique actuel. Ils sont tous de gauche, ma bonne dame ! En toute logique, ils en portent le handicap. L’incapacité à travailler à une alternative au néolibéralisme vient sans aucun doute de la coupure profonde avec les catégories populaires, grandes perdantes de la mondialisation néolibérale. Non seulement les mouvements sociaux sont aveugles mais ils sont sourds. Sourds, muets et amnésiques par conséquent. Ils refusent d’entendre, de voir, de comprendre et d’agir. Ils n’ont de cesse de confondre souveraineté et souverainisme, nation et nationalisme (ethnique), européisme (outil majeur du néolibéralisme donc du libre-échange) et internationalisme. La meilleure preuve qui pouvait nous en être donnée est bien le refus de la CGT et du NPA (entre autres) d’accepter la signature du Pardem au bas du texte d’appel de la bien mal nommée Marée populaire parce que nous sommes pour la sortie de l’UE ! Lire : http://www.pardem.org/espace-presse/156-communiques-de-presse/840-manifestations-du-26-mai-la-cgt-et-le-npa-refusent-la-signature-du-pardem
Ainsi le Pardem est-il considéré comme infréquentable par ces directions arc-boutées sur leur croyance, enfermées dans la méthode Coué qui consiste à ânonner depuis des décennies que l’Union européenne doit (et peut) devenir sociale, solidaire, et favorable aux peuples !
Ô que Macron a dû se réjouir de constater que la « marée populaire » est restée en eaux basses : celles des directions de la CGT et des presque 80 organisations qui ont appelé à manifester le 26 mai. Le mouvement n’a produit qu’un clapotis. Macron a pu compter les troupes de ses principaux opposants : 250 000 personnes dans toute la France (selon le chiffre des organisateurs). Car les classes populaires en furent massivement absentes. Cruellement.
Le 26 mai a fait pschitt !
Sans polémique, force est de constater que le compte n’y est pas parce que les perspectives ne sont pas tracées, la stratégie est défaillante, les programmes inexistants. D’ailleurs les lendemains du 26 mai n’existent pas. Aucune mobilisation nouvelle n’est annoncée après la marée. Aucun appel commun de ces 80 organisations. Chacune est rentrée au bercail, occupée à gérer ses affaires. Mais il est vrai qu’une grande partie ce beau monde prépare les élections européennes de 2019, tentant de reconstituer une gauche plurielle qui a pourtant déjà fait les preuves de sa nuisance pour les classes populaires et le pays. Les spectres ont la vie dure et les croyances aveugles ont le goût amer qui annonce la défaite.
Oui, le Pardem a participé à toutes les mobilisations car le temps n’était pas à chipoter sur la pureté des appels. L’urgence sociale méritait bien un effort.
Mais, pour autant, rien ne peut conduire notre parti à s’engloutir dans les sables mouvants idéologiques de la gauche. Non. Décidément, nous ne sommes pas de gauche. Nous avons pris le parti des classes dominées que la gauche a abandonnées. Contre les dominants qui imposent la mondialisation néolibérale et organisent le meurtre des nations et de la souveraineté des peuples.
Tandis que les cuisines électorales battent leur plein pour arracher quelques postes fantoches de députés européens au sein d’un parlement qui n’en est pas un, le Pardem, lui, prépare la campagne de boycott des élections européennes, canada-dry de démocratie. Lire : http://www.pardem.org/union-europeenne/les-institutions-europeennes/811-preparons-le-boycott-des-elections-europeennes
Et maintenant ? Et demain ?
Honneur aux cheminots qui, eux, ont bien compris que l’ouverture à la concurrence exigée par l’Union européenne est la cause principale de la réforme qui vise à supprimer leur statut et à les vendre au privé. Ils poursuivent leur grève malgré le bourrage de crâne médiatique, l’inflexibilité de la direction de la SNCF et la malveillance du gouvernement qui œuvre sans relâche pour libéraliser dans tous les domaines. Lire : http://www.pardem.org/actualite/luttes/833-refusons-le-dogme-de-l-ouverture-a-la-concurrence
Les européistes de gauche, prétendument internationalistes, vont-ils larguer les amarres qui les maintiennent au port néolibéral et au système mondialiste des classes possédantes et de l’oligarchie ? Ou, sans aucune pudeur, indifférents au massacre des droits sociaux, économiques, démocratiques et politiques des Grecs, orchestré par l’Union européenne et le FMI, vont-ils continuer à psalmodier des incantations et à se prosterner aux pieds de la déesse Europe ? Resteront-ils amnésiques aux combats de 1936, de la Résistance, de 1968, sourds aux souffrances de millions de citoyens, et aliénés à l’idéologie libre-échangiste ?
Ce qui se passe aujourd’hui en Italie, au lieu de faire frémir ces hypocrites apeurés par une « montée des populismes » ou « de l’extrême droite », les fera-il réfléchir librement ? Vite et bien ? Car les résultats des élections italiennes démontrent une fois encore que quand le peuple s’exprime massivement dans les urnes il emprunte le chemin qu’il juge le plus près de ses attentes : la reconquête de sa souveraineté et la rupture avec l’austérité. Et puisque les organisations de gauche n’offrent aucune perspective en la matière, alors le peuple choisit d’autres voies.
En France, le rôle que le Pardem s’est assigné est d’agir pour que souveraineté, rupture avec la mondialisation néolibérale et anticapitalisme se conjuguent (1). Le Pardem participe aussi, depuis trois ans, à une coordination européenne pour la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan qui comprend des organisations autrichiennes, espagnoles, grecques, italiennes partageant les mêmes objectifs (2).
Ceux et celles qui se désespèrent de perdre toutes les batailles sociales et politiques et qui n’en peuvent plus d’attendre que les directions de leurs organisations changent de cap sont les bienvenus au parti de la démondialisation !
(1) 10 points : http://www.pardem.org/programme/intitule-des-10-parties-du-programme
(2) Plateforme de la Coordination européenne : http://www.pardem.org/union-europeenne/la-coordination-europeenne-anti-euro/602-plateforme-politique-de-la-coordination-europeenne-no-euro-no-ue
- Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire