Le 28-01-2018
Cette mobilisation concerne tous ceux (personnels, familles, citoyens) qui refusent que les personnes âgées, résidentes en EHPAD, ou qui vont l’être à l’avenir, soient maltraitées et subissent les réductions budgétaires qui engendrent des suppressions de postes et la dégradation des conditions de travail des agents.
Car, en effet, les réductions budgétaires, appliquées par les Agences régionales de santé aux établissements publics qui accueillent des personnes dépendantes, vont engendrer des conséquences catastrophiques sur les conditions de vie des résidents et sur les personnels et agents publics qui y travaillent.
Gel de postes, diminution des RTT des aides-soignant(e)s et des personnels de ménage, déjà les moins rémunérés, entraînent une diminution des effectifs auprès des résidents. Moins de soins, moins d’attention, moins d’activités, moins de temps pour les toilettes, moins de temps, voire aucun, accordé à la relation.
Cette « réforme » (entendez diminution budgétaire) s’étalera de 2018 à 2023. A l’arrivée, des centaines, voire des milliers d’emplois seront supprimés.
Le retour au mouroir pour les plus modestes ?
Cette politique, comme celle infligée aux hôpitaux publics, met en péril tout le système de santé public au détriment des besoins de la population. C’est celle de l’offensive sans trêve organisée par ceux qui « investissent » dans le grand âge, la silver économie, la robotisation. Un gisement de profit ! C’est une politique au service de la privatisation, éradiquant le principe de la Sécurité sociale figurant dans le Programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Celle des classes possédantes et celle des classes dirigeantes.
Ce n’est pas une surprise mais néanmoins un drame !
La réduction des dépenses publiques bombarde tous azimuts. L’Union européenne défouraille ses recommandations semestrielles à la France. Les gouvernements, de droite comme de gauche, exécutent les ordres avec zèle. Le parlement français est désormais un théâtre de guignol. Il n’agit qu’à la marge ou pour entériner les décisions supranationales sur lesquelles le peuple n’a pas son mot à dire.
Cyniquement, de fringants technocrates, formés dans le giron patronal et biberonné au libre-échange, remplissent des tableaux de chiffres, cherchent les marges de « progrès » financiers. En EHPAD c’est moins de changes pour les personnes incontinentes, moins de douches, moins de personnel pour les aider à manger, à se lever, à se coucher. Moins de kiné, de soins. Moins d’attention. La souffrance morale est déjà là, conjuguée à des pathologies souvent lourdes, mais rien n’arrête l’inhumanitude à l’encontre des résidents même si c’est au prix de la vie.
Souffrance du personnel
Une véritable révolte s’est exprimée depuis ces derniers mois avec des grèves et occupations de structures d’accueil. Mais si la situation n’était déjà pas brillante, elle va empirer : la réforme actuelle est une mise en œuvre industrielle de la dégradation des EHPAD publics.
Un jour tu seras vieux, toi aussi !
Mais si tu as bossé toute ta vie et que tu perçois une retraite modeste, tu iras là où c’est moins cher (avant on disait "tu iras à l’hospice"), mais quand même trop cher pour toi. Tes enfants, petits-enfants, voire tes neveux, contribueront au paiement de la facture. Mais de toutes façons ce sera sans séances de kiné, même si tu en as besoin, pas ou rarement d’ergo ou de psychomotricienne. Si on t’octroie une douche par semaine tu seras content. S’il reste 2 minutes, par miracle, à une aide-soignante, elle te coupera les ongles tous les quinze jours. Mais rassure-toi, t’auras toujours la télé dans la salle commune, assis dans ton fauteuil, aligné à côté de tes compagnons de tristesse, sans accès direct à la télécommande. Tu attendras le petit déj, puis le déjeuner et le dîner. Livrés en « liaison froide », réchauffés en barquette, nourriture plutôt molle et fade, pain caoutchouteux. A 20 h, que tu le veuilles ou non, tu seras mis au lit. Si tu ne dors pas bien tu auras droit à un bon somnifère.
Pour te distraire, on te fournira un robot animateur (oui oui cela existe déjà) qui te fera chanter ou viendra te parler ou encore te prendre la main. Tu pourras la trouver drôle cette étrange créature pleine d’humanité…
Bon, si tu as de la famille tu as une chance d’avoir des visites et des petits plus ; un bon gâteau pour le goûter, un peu de discussion, des gestes attentionnés et tendres. Une sortie parfois. L’entretien correct de ton linge. Un suivi auprès du médecin de l’établissement. Mais si tu es seul(e), tu resteras seul(e) et de plus en plus perdu(e). Alors tu attendras la mort, sans doute comme une délivrance. Mais sans jamais comprendre pourquoi et comment tu as mérité un tel sort.
Non, les vieux ne sont pas des assistés : ce que finance un résident en EHPAD
Ceux qui sont sous tutelle institutionnelle, eux, ne disposent plus d’aucun contrôle sur leurs revenus ni sur leurs biens. Là tous les coups sont permis. Le tuteur débloque des sommes sur demande de l’établissement pour une coupe de cheveux, une paire de chaussures ou des produits de toilette. C’est parfois long…
Bref, après avoir travaillé, cotisé à la Sécu, payé ses impôts, le résident, réduit à son état de vieillesse, n’est plus considéré intégralement comme une personne mais comme un assisté. Oh misère !
Et si on se souvenait qu’aujourd’hui, chez tous ces vieux et vieilles il y a tant de mémoire de notre histoire commune : celle du Front populaire, de la Seconde Guerre mondiale, de la Résistance, des Trente glorieuses, des luttes sociales, des espoirs et des drames. Des vies, pleines et entières. Des amours et des deuils. Des hommes et des femmes qui ont largement contribué à faire que nos vies soient plus belles que les leurs ?
Des familles mobilisées aux côtés des personnels : ça existe !
Certaines soutiennent ainsi le mouvement du 30 janvier, considérant que l’amélioration des conditions de travail des agents et personnels est une condition indispensable à la qualité de vie des résidents. Ces familles seront dans les manifestations du 30 janvier aux côtés des organisations syndicales et des personnels.
Le Pardem soutient les revendications syndicales des personnels des EHPAD :
- application du dispositif prévoyant un agent par résident, tel que prévu par le Plan Solidarité Grand Age ;
- abrogation des dispositions législatives relatives à la réforme de la tarification des EHPAD, contenues dans la loi du 28 décembre 2015 ainsi que le retrait des décrets d’application ;
- arrêt des baisses de dotations induites par la convergence tarifaire et, par conséquent, maintien de tous les effectifs des EHPAD, y compris les contrats aidés, qui doivent être intégrés et sécurisés ;
- amélioration des rémunérations, des perspectives professionnelles et de carrières, dans le cadre du Statut et des conventions collectives nationales.
Création d’un grand service public : c’est possible
Encore faudra-t-il rompre radicalement avec le néolibéralisme et se libérer des contraintes supranationales pour décider de la société que nous voulons. Faute de quoi les drames humains et l’injustice s’amplifieront. Autrement dit agissons sur les causes, les racines du mal social et démocratique.
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