Le 19-04-2017
Par le Parti de la démondialisation
Le 19 avril 2017
L’abstention, les blancs (et les rouges !), les nuls, vont battre des records lors du premier tour de l’élection présidentielle le 23 avril. À cinq jours du scrutin un grand nombre d’électeurs n’a pas encore fait son choix. On sent néanmoins une immense passion politique s’emparer de la France. On discute politique partout : au bureau et à l’usine, le midi et le soir lors des repas, en famille… Une façon d’apostropher les autres est de dire « alors pour qui tu votes ? ». Le resserrement des intentions de vote entre quatre candidats montre les hésitations du corps électoral. La présence certaine de Marine Le Pen au deuxième tour, qui était devenue une évidence il y a quelques jours encore, ne l’est plus. L’effondrement du candidat du PS est bien plus spectaculaire que ce que beaucoup pronostiquaient. Fillon résiste, montrant ainsi que le vote de classe, pour une partie de son électorat, est bien plus important que la probité en politique. Quant à Emmanuel Macron, il est loin d’obtenir les scores que lui permettaient d’espérer la campagne de promotion massive organisée gratuitement pour lui par les grands médias du système. Il n’est pas certain d’être présent au deuxième tour. Fillon, Hamon, Le Pen, Macron, sont tous les quatre des candidats du système à balayer.
Reste le cas Mélenchon
L’élément le plus nouveau de cette campagne est la dynamique autour de Jean-Luc Mélenchon, au point que sa présence au deuxième tour, peu vraisemblable il y quelques semaines, est aujourd’hui devenue possible. Des amis, des camarades nous disent de voter Mélenchon, d’abord parce que nous avons fait campagne pour lui en 2012, et aussi selon eux, parce que cela va « ouvrir un espace politique », cela va faire « bouger les choses », puisqu’il est soutenu par de larges fractions du « mouvement syndical et de la jeunesse ».
La dynamique Mélenchon actuelle est bâtie sur quatre phénomènes. D’abord, il y a un effet de contraste, car l’exceptionnel talent oratoire du personnage tranche avec la médiocrité assez générale des autres et suscite un engouement pour la personne. Ensuite, il y a un effet de nostalgie. Pour tout un électorat de gauche, plutôt communiste, les références oubliées de l’histoire de ce courant politique, que Jean-Luc Mélenchon rappelle dans tous ses discours, font « du bien » pour reprendre l’expression du chanteur Bernard Lavilliers. Pour des électeurs de la gauche non socialiste, allant de défaite en défaite depuis au moins trois décennies, c’est un motif d’optimisme. Ensuite, il y a un effet antisystème qui séduit en particulier une partie de la jeunesse. En dernier lieu, il y a un effet de mimétisme qui consiste à vouloir faire comme les autres dès lors qu’une certaine masse critique est atteinte. Celle-ci va alors prendre de la vitesse et s’auto-entretenir. Nous avons ainsi tous dans nos entourages des connaissances devenues soudainement des mélenchonistes ardents ! Dans ces attitudes, rares sont ceux qui invoquent le programme de Monsieur Mélenchon. On comprend pourquoi car la plupart ne l’ont pas lu ! Ils fondent essentiellement leur jugement sur les apparences ou sur des aspects importants à leurs yeux, mais mineurs sur le plan stratégique.
Nous ne souhaitons pas que Monsieur Mélenchon soit qualifié pour le second tour et accède ainsi probablement à la présidence de la République. Car, contrairement à la plupart de ses supporteurs, nous avons étudié dans le détail son programme. Et nous avons tout de suite compris que le flou et les ambiguïtés dont il s’ingénie à barbouiller les grandes questions stratégiques comme la démondialisation, la sortie de l’euro et de l’Union européenne, la remise en cause du libre-échange ou le démantèlement des marchés financiers, annonçait un schéma à la Mitterrand ou à la Tsipras.
François Mitterrand (qui est un modèle pour Monsieur Mélenchon) a été élu en mai 1981 par une large coalition de gauche au deuxième tour, dont le PCF. Il disposait d’un programme bien plus radical, d’ailleurs, que ce que propose aujourd’hui Monsieur Mélenchon. Une certaine relance économique et sociale a été engagée. Mais elle a provoqué de très graves déséquilibres économiques notamment en matière de balance commerciale, sans créer le nombre d’emplois attendus. En effet, les mesures qui auraient permis le succès n’ont pas été prises : utilisation de la politique monétaire, relance budgétaire beaucoup plus massive, changement d’orientation stratégique des groupes nationalisés qui ont poursuivi leur activité comme s’ils étaient toujours privés… Monsieur Mitterrand a alors décidé le « tournant de la rigueur », c’est-à-dire l’alignement sur les politiques néolibérales. On a vu le résultat : explosion du chômage et de la précarité, partage de la valeur ajoutée très nettement redressé en faveur du capital et au détriment du travail, désindustrialisation, élimination du PCF comme force de contestation dominante (le PCF faisait encore 15% en 1981), affaiblissement du syndicalisme de lutte… Ces quarante dernières années se sont organisées à partir de cet évènement fondateur.
Alexis Tsipras, le Premier ministre grec issu du parti Syriza (anciens communistes), défendu pendant très longtemps par Jean-Luc Mélenchon, s’est soumis à la Troïka. Il vient d’ailleurs de signer un 4e « mémorandum » aggravant encore l’austérité en Grèce. La situation de ce pays est inimaginable, et c’est la gauche soi-disant « radicale » qui a pris le relai des socialistes et de la droite grecs. En septembre 2014, Syriza avait publié son programme dit de « Thessalonique ». Nous avons la mauvaise habitude de lire les programmes et déclarations des partis politiques et de ne pas nous laisser impressionner par le verbe, si haut soit-il. Nous avions rendu publique notre analyse de ce programme qui nous a valu beaucoup de critiques. Nous concluions en effet que Syriza était incapable, avec ce programme, de sortir la Grèce de la crise. Monsieur Mélenchon, à l’époque, applaudissait ce programme alors que de toute évidence il conduisait à l’impasse. Et c’est exactement ce qui s’est produit.
Il y a des gens qui n’apprennent rien. Mitterrand, Tsipras, Mélenchon qui reste au gouvernement Jospin, pourtant le plus grand privatisateur de toute l’histoire politique française, et ne démissionne pas : tout cela n’a pas d’importance pour eux. Pourtant, le flou et les graves lacunes du programme de Jean-Luc Mélenchon ne peuvent conduire qu’aux mêmes impasses du passé.
Alors on va nous dire que nous faisons le jeu de Madame Le Pen, du fascisme et blablabla. Ceux qui font le jeu de Madame Le Pen et du Front national sont ceux qui l’ont fabriqué (Monsieur Mitterrand et le PS) et qui l’ont entretenu par leur incurie, ou qui ont été incapables de s’y opposer efficacement (voir la débâcle de Monsieur Mélenchon quand il a été candidat aux législatives 2012 à Hénin-Beaumont face à Madame Le Pen). Si Madame Le Pen est élue à la présidence de la République, il faudra lutter. Mais justement, si le peuple a majoritairement refusé de se prononcer, c’est lui qui sera légitime.
Le Pardem appelle à la vigilance et à la détermination dans cette élection ; en effet si la droite ou l’extrême droite est élue, il faudra les combattre activement. Et si Jean-Luc Mélenchon gagne l’élection présidentielle, il faudra empêcher que la désespérance due aux abandons déjà programmés de Monsieur Mélenchon achèvent de démotiver et de désespérer notre peuple, ce qui le rejetterait dans les bras de l’extrême droite en 2022. Le Pardem sera alors le seul parti à avoir alerté notre peuple et le seul capable de faire opposition à toutes les aventures qui ne manqueront pas d’être tentées alors, que ce soit par le FN ou par d’autres partis « recomposés » après leur débâcle.
C’est pourquoi le vote carton rouge, associé aux abstentions, aux votes blancs et autres votes nuls, à condition d’être majoritaire, va :
- Délégitimer le futur vainqueur de l’élection présidentielle.
- Transférer la légitimité au peuple.
- Permettre de voter pour la démondialisation.
Comment voter carton rouge ?
On nous demande comment voter carton rouge. C’est très simple, vous pouvez prendre un petit morceau de papier rouge et le glisser dans l’enveloppe. Vous pouvez aussi imprimer le logo rouge ci-dessous.
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