Le 16-04-2016
Concernant l’existence ou non d’un peuple européen, tout dépend de la définition que l’on se fait de ce qu’est le peuple. En ce qui concerne le Pardem, nous récusons l’existence d’un peuple européen car elle ne repose sur aucune réalité politique.
Si on se demande ce qui fait qu’un peuple est un peuple, et non simplement une ethnie, une communauté, des croyants, les habitants d’un territoire, des entrepreneurs, un ensemble de consommateurs : c’est la politique. Un peuple est politique ou n’est pas. Or, à l’échelle européenne, rien pour l’instant n’indique l’existence ni même la création en cours d’un peuple européen. Hormis quelques rares pays, essentiellement ceux dans lesquels se sont tenus des référendums, il n’existe même pas de délibération publique sur les questions européennes.
Un peuple, pour avoir une existence politique, ne peut qu’être composé de citoyens. Et une vraie citoyenneté impose une participation à la politique : conception, mise à jour et défense du contrat social incarné dans la Constitution ; élaboration de la loi comme expression de la volonté générale et garantie de l’État de droit ; implication dans la délibération publique ; participation au suffrage universel. Il s’agit d’autant d’éléments indissociables qui constituent les bases de la démocratie dans une visée universelle. La vraie citoyenneté est un engagement débordant les frontières de l’élite politisée pour s’investir dans les structures parallèles à l’appareil d’État que sont les syndicats, les partis, les associations, les collectifs militants les plus divers. Rien de tout cela n’est en gestation au niveau européen.
En fait, « Ce qui est certain, c’est que la volonté irréductible de l’Internationale est qu’aucune patrie n’ait à souffrir dans son autonomie. Arracher les patries aux maquignons de la patrie, aux castes du militarisme et aux bandes de la finance, permettre à toutes les nations le développement indéfini dans la démocratie et dans la paix, ce n’est pas seulement servir l’internationale et le prolétariat universel, par qui l’humanité à peine ébauchée se réalisera, c’est servir la patrie elle-même. Internationale et patrie sont désormais liées. C’est dans l’internationale que l’indépendance des nations a sa plus haute garantie ; c’est dans les nations indépendantes que l’internationale a ses organes les plus puissants et les plus nobles. On pourrait presque dire : un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène. » (Jean Jaurès, L’Armée nouvelle, 1911).
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