Les Jours heureux : Bas les pattes Monsieur Macron !

Par Michèle Dessenne, présidente du Parti de la démondialisation
Le 1er mai 2020

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Image couv CNR

 

Disons-le tout net, des rumeurs circulent. Ah ! Ah ! la belle info… Des rumeurs bien organisées selon lesquelles Emmanuel Macron, l’agent placé à la présidence de la République française, préparerait un remaniement sévère de son gouvernement. Et alors la belle histoire, direz-vous ! C’est politique commune que d’agir ainsi dans le cadre de la Ve République. Le Président appuie sur le bouton rouge du disjoncteur. Il coupe le jus. Le Premier ministre est cramé. Le Président en désigne un autre (de préférence un clone à sa main mais avec plus de cheveux, moins de barbe ou le contraire). Le plus fort, le plus musclé, le plus malin est le président qui nommerait une femme à cette fonction. Oh là, on se calme. Ça c’est juste pour vous dérouter, vous envoyer sur de fausses pistes.

Revenons aux choses vraiment sérieuses. Quand il y a des rumeurs, c’est qu’elles sont le fruit de fuites, d’indiscrétions, voire de trahisons. Et les enquêteurs n’ont qu’un but : chercher le coupable, le responsable qui peut d’ailleurs devenir lanceur d’alerte selon les périodes et les sujets et les tendances. Il existe aussi une autre possibilité, tout aussi valable : la rumeur a été lancée par ceux-là mêmes qui veulent que cela se sache sans le revendiquer directement. C’est la technique du « je teste » et je regarde comment ça monte, ça réagit, ça retombe. En la matière depuis ces dernières décennies, aucun président de la République n’a su résister à cette pulsion organisée lui permettant de brancher quelques instituts de sondage discrets dont les résultats ne seront délivrés qu’au donneur d’ordre. C’est facile, ça mange pas de pain. Si c’est un flop ou un refus massif, la rumeur ne sera pas confirmée. SI ça frétille, faut voir. Si ça s’emballe positivement, alors on peut foncer, déclarer à l’occasion d’une date symbolique qu’un grand projet est né, qu’une nouvelle voie est tracée, que le chef a entendu et écouté le peuple et a décidé de lui servir ce qu’il attendait au plus profond de son cœur, au tréfonds de son âme.

L’art du suspens, qui n’en est évidemment pas un puisque le nombre d’initiés est pléthore, est donc parfaitement orchestré !

Prenons le cas qui nous occupe, là, ici, maintenant : la nouvelle partition de l’orchestre macronien

Macron est un peu gêné aux entournures (qu’il rêve larges). Il ne parvient pas à convaincre le peuple de France (son royaume, croit-il) qu’il est l’homme de la situation. Il a beau agiter le spectre de la guerre contre l’ennemi invisible Covid, en appeler à l’Union sacrée (terme malheureux au regard de l’histoire de la Première guerre mondiale). Il a beau faire mine d’être le chef d’orchestre, ordonnant à ses musiciens de ne pas confiner puis de confiner, et de déconfiner sans toutefois déconfiner vraiment, rien n’y fait. Il a perdu la confiance d’une très grande partie des citoyens qui le regardent gesticuler avec consternation, inquiétude, effroi même, colère et ironie très souvent. Car ce président (que le Pardem a dénommé depuis deux ans « le Prince des mots tordus »), ordonne et désordonne : no masque, masque maybe, masque parfois, gratuit, payant, obligatoire, pas partout, pas tout le temps, mais si, quand même, etc. Bref vous connaissez la musique : elle est dissonante, écorche les oreilles, génère des acouphènes.

Alors il lui faut frapper un grand coup. Montrer à la fois qu’il est le chef et qu’il doit le rester. Alors Macron imagine s’habiller en Général, LE Général. La figure qui n’a pas encore quitté l’imaginaire collectif. Le sauveur de la France. L’homme qui a su dire non au nom de l’intérêt supérieur de la France, de son indépendance. Le patriote. Le grand homme.

Mais la tâche est rude. Le Prince des mots tordus n’a ni l’envergure, ni le style, ni l’art des mots ni le courage des actes du Général désobéissant puis vainqueur.

Mais comme dit le proverbe, qui ne risque rien n’a rien et y’a pas de mal à se faire du bien…

Ainsi donc quelques esprits fumeux, toujours prompts à capter à leur profit des pans entiers de l’histoire, quitte à les tordre au point qu’ils deviennent ineptes, ont-ils conçu l’impensable projet de bâtir un gouvernement sur le modèle issu du Conseil national de la Résistance. Un gouvernement d’union nationale composé de membres  de toutes les couleurs politiques prêts à travailler de concert pour le bien de la reconstruction de la France ! On aura bien noté la référence aux Jours heureux (titre du programme du Conseil national de la Résistance) dans le discours de Macron le 13 avril. On aura bien relevé quelques interventions de chevaux légers rappelant que gouverner avec des communistes avait été possible après la Libération.

Mais tu peux toujours rêver Prince des mots tordus !

Malgré tous tes amis, tes alliés, les coquins qui partagent tes délires, ceux qui sont à ta solde, les pleutres des grands médias (que tu as mis dans la confidence évidemment) qui te labourent le terrain pour que la pertinence d’un nouveau CNR traité aux OGM néolibéraux prenne racine…

Malgré tes concertations avec des has-been qui reprennent du poil de la bête en s’imaginant à nouveau en premiers rôles dans la future commedia dell’ Arte que tu proposes (songeons par hasard à Strauss Khan, à Chevènement, à quelques Verts et ou socialistes déteints, au retour de quelques centristes si brutalement retirés du casting initial de ton gouvernement… et d’autres sans doute)…

Si tu crois que tu vas nous faire taire avec ce viol en bande organisée, tu te plantes grave. Nous ne sommes ni consentants ni responsables des politiques néolibérales, du libre-échange, de la finance mondialisée, du chômage instauré en système, de la pauvreté, des inégalités, du rapt démocratique opéré par l’Union européenne, etc. Nous en sommes des victimes en colère. Des citoyens révoltés. Le Mouvement des Gilets jaunes n’est pas si loin. Le mouvement contre la réforme des retraites non plus. Gare à toi. Le peuple n’a pas dit son dernier mot !

D'autant que des appels dissidents se multiplient pour contrer ta veule intention. L’idée du CNR a retrouvé ses vertus d’antan. Des souverainistes de toute obédience (ceux qui veulent l’indépendance de la France, la souveraineté politique, monétaire, économique du pays, ceux qui veulent se débarrasser de l’emprise des organisations supranationales telle que l’Union européenne et l’euro, ceux qui veulent que le mot démocratie reprenne un sens) y font référence.

Les démondialisateurs que nous sommes font figurer dans le préambule de leur programme celui du Conseil national de la Résistance comme un repère, une base fondamentale. Non pas comme modèle de gouvernement ni comme stratagème électoraliste, mais sous l’angle du contenu de ce formidable programme que les Résistants, dans la clandestinité et au péril de leur vie, unis au-delà de leur appartenance politique et syndicale, ont réussi à rédiger durant l’Occupation allemande et à mettre en œuvre - du moins en partie - à la Libération. Ce sont eux qui ont fait naître la Sécurité sociale, celle-là même que Macron avec ses sbires du MEDEF a dans le viseur (assurance maladie, retraites, médecine du travail, allocations familiales, etc.)

Et même si les jeunes générations, infectées par le virus néolibéral qui leur est instillé depuis des lustres, ne mettent pas toutes des mots d’histoire sur les Jours heureux, elles savent bien que tu portes une lourde responsabilité dans le sort qui leur est fait.

Enfin, n’oublions pas que presque 17 millions de citoyens sont des retraités et que leur mémoire est encore vive !

De la mondialisation néolibérale aux Jours heureux, il y a un gouffre qu’aucun artifice ne peut combler. S’embarquer dans cette direction c’est, a contrario du piètre stratagème de Macron, être résolument armés de détermination et de clairvoyance. Les Jours heureux sont initialement et intimement reliés avec la souveraineté nationale et populaire, avec un engagement réel et profond pour défendre les intérêts du peuple et d'abord des classes dominées. Cela implique de rompre avec tous les aspects du néolibéralisme, la forme actuelle du capitalisme. Ses structures supranationales et, en premier lieu, l’Union européenne. C’est donner aux citoyens tous les moyens pour construire un nouveau système politique, économique, social. C’est aussi engager un processus constituant impliquant le plus grand nombre pour changer de régime. C'est démocratiser l'Etat. Car, au fond, la question qui reste entière et première est la suivante : dans quelle société voulons-nous vivre, ici et maintenant et demain ?

Ce ne sont pas avec les forces et les alliés du système européiste et mondialiste que cette direction peut être prise mais résolument contre eux. Sinon cela se nomme collaboration !

En savoir plus :

https://pardem.org/programme/elements-divers-de-programme/1035-programme-du-conseil-national-de-la-resistance

https://pardem.org/programme/intitule-des-10-parties-du-programme