Législatives 2e tour : ils ont choisi la tambouille électorale

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La tambouille bat son plein depuis le résultat du premier tour. Les déclarations des uns et des autres n’ont parfois ni queue ni tête et changent à chaque heure. Attal a repris du poil de la bête. Macron l’a envoyé en mission, en première ligne, pour qu’il sauve la macronie durant l’année qui vient. Les désistements fusent, se font et se défont, chaotiques et souvent aléatoires, à géométrie variable. Objectif annoncé : éviter que le RN ne soit majoritaire et ainsi être en situation de faire passer son « programme ». Et après, pour quoi faire ?

La soupe ressemble de plus en plus à une mixture imbuvable qui balaie les grandes disputes du premier tour et laisse l’électeur seul face à un dilemme cruel : voter contre ses idées, c’est-à-dire voter pour un candidat contre lequel il a voté avec détermination au premier tour, ou s’abstenir. 
D’autant que le rata post deuxième tour n’est pas cuisiné. Il n’y a qu’à entendre les commentateurs et pseudo experts palabrer dans les médias, se lancer dans la politique fiction alimentée par les fulgurances des différents camps. Et si et si et si… un gouvernement de coalition, large, étroite, réunissant ceux qui sont des adversaires politiques de la veille ou un gouvernement « technique » composé de « personnalités »  au-dessus des partis, ou encore un « gouvernement de sursaut », « de bonne volonté », un gouvernement de « projets » (oups cela ressemble à la « gouvernance européenne ») et même un « parlement pluriel » ! Notons que la Constitution française n’a pas configuré les « coalitions » de partis, bien au contraire. Pluriel, le parlement l’est toujours dans le sens où il est composé de forces politiques différentes dont le poids diffère à l’issue du vote des citoyens.

Ah la com et les mots magiques encore et encore pour enfumer et/ou trahir ! Résultat : l’électeur ignore les conséquences de son prochain vote au 2^e tour.

La tambouille électorale fait barrage au respect du vote des citoyens 

Ainsi, à peine le premier tour terminé, la barbouille des directions des partis s'étale à toute blinde. Le vote des Français ? C’est bon, faut passer à autre chose. Ils ont mal voté, voilà tout. Donc les chefaillons des partis de tous bords (hors RN) se mettent d’accord pour rectifier l’erreur en changeant la donne au 2^e tour. La gauche instituée, toujours prompte à se désister pour faire barrage au FN puis au RN, faute de le combattre sur le fond en prenant en compte les raisons qui conduisent un électorat populaire à lui accorder ses voix, la gauche disions-nous joue en 2024 la première de la classe : elle a retiré rapidos 132 candidats du Nouveau Front populaire, contre 83 pour Renaissance, désistements que ce dernier a assorti de réserves sur les candidats LFI. Autrement dit, la gauche offre à la Macronie la possibilité de gagner de nombreux parlementaires qui, à peine élus, feront barrage au Nouveau Front populaire !

Vous l’avez déjà compris : au deuxième tour vous êtes conviés avec insistance à voter pour la Macronie (pour réaliser le plan du petit Jupiter qui a précipité des législatives anticipées). Oublié votre vote Nouveau Front Populaire si tel a été votre premier choix. Allez, allez c’est pour la bonne cause et « l’intérêt national » puisque  en face il n’y aura que le RN avec lequel vous n’avez en principe aucune affinité…
Il vous restera toujours les manif pour lutter en vain, comme en 2022 et 2023.

L’autre situation concerne un duel suite à des désistements de macronistes qui, la main sur le cœur, ont eu la grande largesse de retirer leur candidat arrivé en 3e position laissant le champ libre à une joute entre RN et Nouveau front populaire. On songe avec circonspection à l’efficacité de l’opération. Les électeurs des Républicains, de la bande macroniste et d’autres vont-ils se rendre aux urnes et glisser le bulletin de leur « pire ennemi » : le NFP qu’ils vilipendent, et surtout s’il s’agit d’un candidat LFI ?
Autre hypothèse propagée par le Nouveau Front populaire : à l’issue du 2^e tour, il sortirait grand gagnant et serait en mesure d’imposer son gouvernement qu’il ouvrirait à d’autres forces (Macronistes ? Républicains ? Autres ?). Improbable, mais rêver c’est toujours agréable quand on croît qu’il suffit de rêver pour changer la réalité.
Bref, la tambouille est une carabistouille qui risque de foirer ! 
Certains  électeurs du RN pourraient-ils renoncer à lui accorder leurs voix au 2^e tour parce qu'ils mesureraient combien les renoncements de Bardella en matière sociale (retraites, pouvoir d’achat…) n’augurent aucune amélioration de leurs conditions de vie ? Ou encore parce qu’ils seraient en désaccord sur certaines de ses déclarations à propos des Français binationaux et la fin du droit du sol sans lequel des millions de personnes, dont Bardella, c’est un comble, ne seraient pas devenus citoyens français  (enfants d'Italiens, de Portugais, d’Espagnols, d’Algériens, et tant d’autres nés en France) ?
Chaque citoyen fera donc ce qu’il voudra « quoiqu’il en coûte » et découvrira ensuite ce qui sera fait de son vote !

Alors que dire, que faire ?

1. Considérant que la Macronie est camée aux marchés, à l’Union européenne et à l’OTAN, aucune raison de lui accorder une voix. Son bloc a été et reste l’adversaire des intérêts des salariés, des fonctionnaires, de tous les travailleurs et privés d’emploi. Il est le fossoyeur des droits sociaux, des services publics, de l’industrie, des libertés publiques et de la Nation.

2. Considérant que le RN n’est en aucun cas un défenseur des intérêts du peuple : il a de longue date choisi objectivement  le camp des intérêts du capital en refusant de le taxer ; il menace d’aggraver les comptes de la Sécurité sociale par de nouvelles mesures « d’allégements de cotisations patronales » ; nombre de ses propositions, sur la TVA notamment sur le carburant, tout comme la priorité nationale et le contrôle de l’immigration (dans le cadre des accords de Schengen) resteront lettre morte car il ne porte aucune volonté d’extirper notre pays du piège de l’Union européenne. S’il est élu, le RN mènera une politique économique et sociale néolibérale, avec l’appui du grand patronat. De surcroît, et ce n’est pas secondaire, il sera le pourfendeur des libertés publiques et un provocateur de divisions entre les Français. Sa volonté de revenir sur le droit du sol, de trier les Français à partir de leurs origines ethniques ou de la nationalité de leurs parents est une injure à l’histoire de la France, à l’universalisme et même à la devise de la République : liberté, égalité, fraternité.

3. Considérant, accessoirement, que l’ancien président de la République François Hollande, candidat du NFP en Corrèze, porte une responsabilité écrasante par ses actions passées sur la situation actuelle.

Nous en concluons qu'aucune voix ne doit aller au RN, à la Macronie,  ni à Hollande !

Au-delà des carabistouilles, nous ré-insistons sur un fait majeur : tous les partis qui restent en lice ont fait allégeance à l’UE et sont donc pieds et poings liés. Ils ont ainsi renoncé d’avance à une série de mesures figurant dans leurs programmes en faveur du pouvoir d’achat, des augmentations de salaire, de la protection de l’environnement, de la réindustrialisation, des financements pour l’hôpital public, l’éducation, etc. Par leur soumission aux tutelles supranationales, ils n’envisagent aucune rupture avec le système dominant et laissent ainsi les citoyens orphelins de  toutes perspectives d’amélioration de leurs conditions de vie.
Et pendant ce temps les nuages s’amoncellent : la guerre s’étend dans un silence criminel. L’OTAN vient d’établir une quinzaine de nouvelles bases en Europe, à proximité de la frontière russe. Armes et financements colossaux continuent d’affluer en Ukraine. À aucun moment les partis en lice au 2^e tour ne s’y opposent. À aucun moment les Français n’ont été consultés. Comme si la Paix n’était pas la condition première pour vivre en démocratie. 

À très bientôt pour la suite, armés de courage et de détermination !