Trois blocs unis : tous ensemble pour la guerre !

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Canons Casear en Ukraine
Canons Caesar en action en Ukraine


Par Joël Perichaud, Secrétaire national du Pardem aux relations internationales

On savait déjà que Macron était le principal va-t-en-guerre de l’UE. En effet, les “paquets” de sanctions (le 14e a été décidé par l’UE, le 24 juin dernier) et l’envoi d’armes et de millards à l’Ukraine ne suffisent pas à notre boutefeu national. Car, non content de soutenir Zelensky entouré de néo-nazis mais qualifié de “combattant pour la démocratie” et d’envoyer un “pognon de dingue” au Président ukrainien, plombé par les Pandora papers pour ses sociétés offshore et ses villas à plusieurs millions de dollars, Macron souhaite envoyer maintenant des troupes sur le front ukrainien pour combattre directement l’armée russe. Et malheureusement, il n’est pas le seul…

En fait, le bellicisme présidentiel est soutenu par toute la macronie : Renaissance (ex La REM), le parti du président; le MoDem de l’inénarrable François Bayrou; Horizons d’Édouard Philippe, ex-Premier ministre de Macron; les Républicains (LR) qui n’ont pas suivi Eric Ciotti dans son alliance avec le RN. Tous néolibéraux, tous anti-sociaux, tous pro-européens et tous pour la guerre de l’OTAN, bras armé des États-Unis et des multinationales de l’armement.
Emmanuel Macron, qui recevait le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, à l’Élysée le 24 juin 2024, a déclaré que la France avait une « détermination sans équivoque » à soutenir l'Ukraine « dans la durée », alors que la possible arrivée de l'extrême droite au pouvoir à Paris suscite l'inquiétude à Kiev. On croit rêver…
« Notre soutien à l’Ukraine demeure et demeurera constant et nous continuerons de nous mobiliser pour répondre aux besoins immédiats de l'Ukraine, porter le message de notre détermination sans équivoque pour nous tenir au côté des Ukrainiens dans la durée » a-t-il martelé. Pour autant, le dépeçage de l’Ukraine a déjà commencé… (lire : https://pardem.org/ukraine-les-investisseurs-vautours-planifient-le-depecage-du-pays)

Mais les pro-guerre ne sont pas que dans la macronie…

En effet, le Rassemblement national (RN) déclare publiquement une “évolution” destinée à “rafler” les voix de ceux qui croient encore que le parti de Marine Le Pen est « pro-russe », et financé par Moscou.
Jordan Bardella, le président du parti et chef de liste au scrutin “élections” européennes a ainsi indiqué que la proposition du RN de sortir la France du commandement intégré de l’OTAN n’était plus à l’ordre du jour dans le contexte où « la guerre est toujours en cours ». L’argument est paradoxal, si ce n’est stupide : c’est précisément parce que la guerre est en cours qu’il est urgent de ne pas s’y laisser entraîner par l’alliance OTAN-UE dont la principale activité est de financer massivement et d’alimenter la guerre par l’envoi de matériel et de troupes jusqu’à ce que le dernier ukrainien succombe. De plus, Jordan Bardella a assuré qu’il sera (s’il est Premier ministre) « extrêmement vigilant face aux tentatives d’ingérence de la Russie » qu’il considère comme « une menace multidimensionnelle à la fois pour la France et pour l’Europe ».

D’autant que la conversion du RN à l’Atlantisme et à la guerre n’est pas la seule. Le programme du Nouveau front populaire chausse aussi les bottes de l’OTAN. Extrait :

  • Défendre l’Ukraine et la paix sur le continent européen

Pour faire échec à la guerre d’agression de Vladimir Poutine, et qu’il réponde de ses crimes devant la justice internationale : défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières, par la livraison d’armes nécessaires, l’annulation de sa dette extérieure, la saisie des avoirs des oligarques qui contribuent à l’effort de guerre russe dans le cadre permis par le droit international, l’envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires, dans un contexte international de tensions et de guerre sur le continent européen et œuvrer au retour de la paix.

Le Nouveau front populaire s’est rallié au programme de l’atlantiste et européiste fou Raphaël Glucksmann qui annonçait clairement : « Première priorité, défendre le continent européen contre l’impérialisme russe en augmentant le soutien à l’Ukraine. »  Pour cela, Glucksmann veut saisir 206 milliards d’avoirs publics russes gelés pour les affecter à l’aide à “la résistance ukrainienne” et  réarmer “l’Europe” grâce à un fonds de 100 milliards, financé par un emprunt commun, pour investir dans les industries de défense.

Mais ce ralliement est en fait une confirmation du virage pro-OTAN et UE de La France Insoumise (LFI). La preuve ?

« Si la Russie attaque la Pologne, nous avons un devoir d’assistance mutuelle, (…) nous devrons les aider à se défendre »…Eh non… Ce n’est ni Macron ni Glucksmann qui ont prononcé cette phrase représentative d’une thèse absurde de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN… C’est Manon Aubry, lors de la campagne de LFI aux “élections” européennes qui, le 3 avril, a ainsi rallié les va-t-en-guerre de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN.

Pour la clique pro-OTAN et pro-guerre  de “gauche”, l’UE aiderait donc militairement l’Ukraine pour dissuader Moscou d’avaler tout cru ses voisins jusqu’à l’Oder, au Danube… Et sans doute jusqu’au Finistère breton…

Le conte pour enfants seriné par les États-Unis, son bras armé l’OTAN, ses affidés de l’UE et ses médias atlantistes est connu : l’OTAN serait l’outil de défense collective de l’Occident menacé par les ambitions de Poutine. Si, jusqu’à présent, le mouvement gazeux de Jean-Luc Mélenchon, étiqueté « gauche radicale » (comme Syriza en Grèce, c’est vous dire…), était plutôt opposé à l’Alliance atlantique., ce n’est plus le cas aujourd’hui.
En effet, le programme de LFI affirmait son intention de « proposer le retrait immédiat de la France du commandement intégré de l’OTAN puis, par étapes, de l’organisation elle-même ». Encore une (bonne) déclaration d’intention passée à la trappe. Désormais, Manon Aubry et la LFI l’affirment : « si demain un pays européen est attaqué, bien sûr qu’il faudra faire preuve de solidarité ». Une solidarité armée, réaffirmée lors de sa calamiteuse interview du 23 mai sur France 2…
La déclaration de Marion Aubry est un demi-tour politique et idéologique des “Insoumis”. Le ralliement de la FI sera sûrement apprécié par les dirigeants de l’OTAN qui se préparent à fêter, du 9 au 11 juillet à Washington, les 75 ans de l’organisation. Beau cadeau d’anniversaire.

Alors pourquoi ces deux partis, qui étaient jusqu’à présent opposés (mollement) au bellicisme se rallient-ils à l’OTAN-UE et à leur guerre ?

L’opportunisme ? c’est-à-dire la crainte que ne pas s’aligner sur l’UE  leur fasse perdre des voix ? Possible. Mais le petit calcul politique est, comme toujours, douteux et anti-populaire. En effet, ces politicards sous-estiment l’opposition du peuple de France à la guerre et présupposent que leurs concitoyens vont envoyer gaiement leurs enfants mourir pour l’Ukraine, l’UE et les multinationales de l’armement.

Une conversion de fond ? Nous savons tous que l’immersion continue des “opposants” dans le bain des institutions européennes (ici le pseudo parlement européen) favorise les “conversions”. Le phénomène est bien connu car ce ne serait pas la première fois que des opposants “radicaux” ou auto-proclamés comme tels, investissent une institution de l’UE pour, soit-disant,  la “transformer de l’intérieur” et finissent lamentablement par être transformés eux-mêmes…

Bien sûr, ces deux raisons ne s’excluent pas et sont complémentaires.

Quoiqu’il en soit, ces "ex opposants” à l’OTAN ont fait le bonheur d’Antony Blinken, le Secrétaire d’Etat américain, qui a demandé, lors de son passage à Paris le 2 avril, que les “Européens” renforcent leur production d’armements, de munitions et d’équipements en faveur de l’Ukraine. Car, a-t-il martelé : « il s’agit d’investissements en nous-mêmes ».

Les trois blocs en « concurrence » (Macronie, Nouveau front populaire, RN) sont tous pour la guerre de l’OTAN-UE contre la Russie. Le constat est rude : Aucun de ces blocs (Macronie, RN et Nouveau front populaire) n’œuvre en faveur de la paix. Au contraire.