Le 06-10-2023
Par Joël Perichaud, Secrétaire national du Pardem aux relations internationales
Volodymir Zelensky est partout où il peut récolter de l’argent ou des armes. Il est dans les parlements des pays de l’Union européenne (UE), dans le boudoir de la Commission européenne (CE) avec Ursula von der Leyen, à l’assemblée générale des Nations unies, sur toutes les télévisions occidentales et dans tous les journaux des médias mainstream… Bref, c’est le roi du téléthon US.
Après son voyage aux États-Unis, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, où l’accueil qu’il a reçu, tiède et parfois glacial, a rendu le succès de sa nouvelle tournée américaine pour le moins contrasté, Zelensky est allé en visite officielle au Canada où il lui fallait obtenir une consécration. Trudeau a donc organisé au Parlement un véritable triomphe romain, au profit de Jaroslav Hunka , un SS ukrainien survivant de la Division Galicie, ancien membre des pires unités chargées des massacres de juifs et de Polonais en Ukraine. Au cours d’une scène ahurissante, les députés du Canada se sont levés pour acclamer un criminel de guerre non repenti. Le Président du parlement déclarant, pour solliciter l’ovation, que Hunka était honoré pour sa lutte menée contre les Russes pendant la Deuxième Guerre mondiale, donc contre les soldats canadiens envoyés sur le continent européen…
La vidéo de la longue ovation du nazi a fait le tour du monde. Il faut noter l’attitude radieuse de Christya Freeland, vice-Première ministre et ministre des Finances du Canada (qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de proximité avec des mouvements néonazis ukrainiens) qui s’imaginait peut-être qu’inviter le SS Hunka était un “bon coup” devant contribuer à sa nomination à la tête de l’OTAN en remplacement de Jens Stoltenberg…
Rappelons qu’en 1950, Ottawa a accepté d’accueillir des nazis de la Waffen SS en provenance de Grande-Bretagne, en dépit du procès de Nuremberg. Lorsque le Canada a ouvert ses portes à des dizaines de milliers de collaborateurs nazis ukrainiens, notamment de vétérans tels que Hunka de la 14e division Waffen-SS Galizien, composée uniquement d’Ukrainiens (excepté les officiers les plus hauts gradés), ainsi que de partisans des deux ailes de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN). Une importante diaspora d’origine ukrainienne s’est ainsi formée au Canada, et compte aujourd’hui 1,4 million de personnes. Chrystia Freeland elle-même est originaire d’Ukraine : son grand-père était rédacteur en chef du journal pro-nazi Krakivski Visti en Pologne et en Ukraine pendant la guerre.
Puis, face à l’incendie médiatique provoqué par ces “vivats”, ce furent les excuses pitoyables du Président du Parlement, revendiquant son inculture et son incompétence. Trudeau, quant à lui, refusa de s’excuser, niant la réalité pour, une fois de plus, mettre la catastrophe sur le compte de la “propagande russe”. Le ridicule, la duplicité, le mensonge et la bêtise de Trudeau, de son gouvernement et du Président du Parlement ont-ils des limites ?
En France, les réactions des thuriféraires des USA ont été du même acabit. Par exemple, le journal Le Monde a qualifié l’évènement de “malencontreux”.
Quant à nos preux chevaliers hexagonaux de l’antifascisme, Jean-Luc Mélenchon, Sandrine Rousseau, Fabien Roussel, François Ruffin, etc., Rien… Leur silence complice sur les agissements des néonazis en Ukraine (groupe Azov et autres..) et sur la provocation de Trudeau et consorts est une démonstration de leur antifascisme de pacotille et finalement de leur totale soumission au narratif américain.
Si le Pardem analyse et dénonce, depuis longtemps, le phénomène néonazi ukrainien et son rôle dans la guerre actuelle, la façon dont Justin Trudeau vient de pulvériser le mythe occidental construit (“il n’y a pas de nazis en Ukraine” ) doit être salué car il est phénoménal. Qu'on en juge. Jusqu’en février 2022, des gouvernements, des institutions, des ONG. et une partie de la presse avaient souligné l’existence de mouvements néonazis en Ukraine : articles, photos, vidéos, rapports du parlement français, rapports du Congrès américain pointaient cette situation. Mais lorsque Vladimir Poutine a annoncé que l’objectif de son opération militaire en Ukraine était la “dénazification”, la propagande occidentale a pris un virage à 180° et l'existence de néonazis a subitement disparu des radars. Et quand il n’était pas possible de nier la réalité, tout a été fait pour l’atténuer et présenter les néonazis ukrainiens comme un courant ancien, une sorte de folklore inoffensif. Eh bien si ! il y a bien des nazis en Ukraine, et pas seulement en Ukraine, la preuve.
Quand à l’affirmation selon laquelle Rota et Trudeau n’ont pas été informés du passé de Hunka, elle est absurde, mensongère. La convocation d’une séance spéciale du Parlement canadien pour entendre Zelensky a été soigneusement préparée et les invités, parmi lesquels le SS Hunka, ont fait l’objet d’un contrôle approfondi.
En fait, l’ovation du parlement canadien pour un criminel de guerre nazi était délibérée et illustre la propagande systématique de réhabilitation du fascisme ukrainien. D’ailleurs, rappelons que le 29 juin dernier, l’université de Stanford a offert une tribune au bataillon néonazi ukrainien Azov lors d’un événement parrainé par le département des langues et littératures slaves et l’association des étudiants ukrainiens. Des insignes associés au fascisme, tels que le logo officiel du bataillon Azov, qui s’inspire délibérément du symbole Wolfsangel des nazis, ont été utilisés pour promouvoir l’événement sur le campus (Lire : L’Ukraine, le néonazisme et l’Otan)
L’année dernière, des membres éminents des deux principaux partis de l’impérialisme américain ont rencontré des soldats de haut rang du bataillon Azov au Capitole de Washington.
La réhabilitation du fascisme est avancée en Allemagne. À partir de 2014, d’éminents universitaires, avec le soutien de l’élite politique et de l’establishment médiatique, ont lancé une campagne qui vise à blanchir les crimes monstrueux que l’impérialisme allemand et le nazisme ont commis au cours des deux guerres mondiales, notamment l’extermination de six millions de Juifs et la «guerre d’anéantissement» contre l’Union soviétique…
La dernière provocation du Parlement canadien intervient à la fin d’une semaine au cours de laquelle Zelensky s’est entretenu avec Biden et autres hauts fonctionnaires américains et où des discours belliqueux ont été prononcés depuis le siège des Nations unies par Biden, Zelensky et le chancelier allemand Olaf Scholz.
En effet, Biden, Trudeau et les dirigeants des autres puissances impérialistes de l’OTAN parlent publiquement d’une “guerre prolongée” qu’ils mèneront “aussi longtemps qu’il le faudra”. Pour infliger ce qu’ils appellent une “défaite stratégique” à la Russie, c’est-à-dire, un changement de régime à Moscou et sa soumission semi-coloniale. Il ne leur reste qu’à introduire rapidement les troupes de l’OTAN en Ukraine et déclencher ainsi un conflit direct avec la Russie. Ce que le gouvernement britannique se prépare à faire en envoyant des troupes directement en Ukraine, pour servir apparemment de formateurs aux forces ukrainiennes…
Malgré la propagande continue, dans nombre de pays, des citoyens se rebellent désormais contre la détermination des USA, de l’OTAN, de l’UE et de leurs gouvernements inféodés à soutenir la guerre, le fait de leur faire payer la guerre et dénoncent l’enrichissement de l’oligarchie financière mondialiste. La tâche urgente est de construire un mouvement antiguerre, pays par pays, et de se coordonner afin d’éradiquer la guerre impérialiste et la menace du fascisme, ainsi que le système néolibéral (capitaliste) qui les produit.
Non à la guerre
Non à l’OTAN
Non à l’UE
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