Le 28-04-2023
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Mai, Mai, Mai, Paris Mai… (2)
Hé ouais. Rien n’y fait. Pour le moment ça résiste à la résignation. Et là tout de suite faire du 1er mai une déferlante est l’objectif partout en France. Heureux du soutien des citoyens et syndicalistes de plusieurs pays, qui manifesteront à nos côtés parce qu’ils partagent les mêmes revendications et les mêmes objectifs que nous. Oui on doit tout faire pour que la Fête des travailleurs soit le plus beau 1er mai depuis bien longtemps. Malgré les 3 jours de week-end, les vacances scolaires. On peut d’ailleurs manifester dans n’importe quelle ville du pays !
Sur un air de casseroles et de spatules, les opposants à la réforme des retraites tiennent le pavé depuis la décision du Conseil constitutionnel de valider la loi. Malgré sa promulgation à la vitesse de l’éclair. Malgré (ou grâce) aux vains et pitoyables efforts de Macron palabrant à la télévision. Malgré les « on passe à la suite » et le formidable dialogue social à venir que la Première ministre fait miroiter aux organisations syndicales. Mais las ! Les ministres en déplacement sur ordre sont accueillis comme ils le méritent : dans les cris, les slogans et les inévitables casseroles dont Macron déclare qu’elles ne sont que gesticulations. Il a tort. En vérité. les casseroles, comme celles qui furent brandies par les femmes au Chili, ont fait parler d’elles plus que tout discours, et dans le monde entier.
Car quand les mots et les arguments ne sont pas écoutés, quand la démocratie est bafouée, il reste le bruit et la fureur. Tant mieux ! Celui qui a nargué les Gilets jaunes en les conviant à venir le chercher a tout gagné : syndiqués, jeunes, retraités, Gilets jaunes et simples citoyens sont désormais main dans la main pour faire la misère au gouvernement et même au système antidémocratique.
Et après le 1er mai ?
Que fait-on ? On continue ? On va plus loin ? Le temps n’est-il pas venu de penser les contours et le contenu d’un nouveau régime ? De nouvelles institutions qui feraient toute la place légitime à la souveraineté populaire ?
Et si on organisait un RIC ? Faute de RIP, dont les conditions d’obtention sont dans les griffes du Conseil constitutionnel et du gouvernement, un référendum citoyen qui réunirait des millions de signatures permettrait, par une campagne, partout en France, de prolonger la force de nos mobilisations. De faire naître du nouveau, une constituante, une nouvelle constitution au service des intérêts des travailleurs, des privés d’emplois, des paysans, des petits commerçants, des jeunes travailleurs, des lycéens et étudiants, des retraités, des gens des banlieues, du monde rural. Car la déferlante dans les rues a aussi besoin d’un prolongement, d’un moment conjugué de réflexions, de débats et d'actions. Finalement de retrouvailles fraternelles et fertiles.
Ce qui est sûr désormais c’est que le dialogue social (les mots imposés par les instigateurs de la « gouvernance »), le dialogue social donc est mort. La réalité est plus forte que le discours remâché du pouvoir qui rêve de tuer la lutte des classes pour garder ses privilèges de classe dominante justement. Le dialogue social est rompu, de fait, puisque les organisations syndicales, unies, refusent de passer à autre chose : elles font la grève des négociations tant que la loi sur les retraites n’est pas retirée. De surcroît, elles déclarent à juste titre que la confiance est brisée. Ce qui éclate au grand jour c’est la réalité de l’existence de classes sociales aux intérêts opposés et la conscience qu’elles existent.
Trois ans après la nuit de l’abolition des privilèges le 4 août 1789, le 10 août 1792 fut une révolution populaire contre le roi, contre une Assemblée législative bourgeoise, libérale et majoritairement favorable à la monarchie constitutionnelle. Tiens tiens. Ça sonne actuel à nos oreilles, non ? On pourrait l’avoir en tête cette année, et prolonger le combat pour faire naître « de nouveaux jours heureux » ?
1. Le fond de l’air est rouge, film de Chris Marker sur Mai 68, la guerre du Vietnam, le Chili.
2.. Cette chanson de Claude Nougaro créée en 1968 a été censurée par le pouvoir en place.
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